Le Portugal fêtait le 25 avril dernier, le 35e anniversaire de la Révolution des Œillets. Cet événement qui a marqué le retour de la démocratie dans le pays a très profondément marqué les esprits et Mário Soares, qui est la figure dominante de la période qui a suivi est en train de livrer un autre combat politique, convaincre ses camarades socialistes de ne pas soutenir la candidature de José Manuel Durão Barroso à la tête de la commission européenne.
L'actuel président de la commission bénéficie en effet du soutien du premier ministre, José Sócrates, qui a été triomphalement réélu à la tête du Parti socialiste, le parti fondé par Soares au début des années 70.
On peut comprendre la difficulté pour un chef d'état ou de gouvernement de ne pas soutenir un de ses compatriotes à une fonction qui met le pays en valeur à l'extérieur, mais il y a trop de contradictions politiques pour que l'argument "national" soit suffisant - idem pour l'argument "régional" qu'avance les soutiens espagnols...
Soares s'exprime donc depuis plusieurs jours dans la presse ibérique pour partager ses craintes et ses convictions. Le soutien à Barroso serait un suicide politique pour les sociaux-démocrates européens.
Barroso n'est pas un saint en effet. C'est l'homme qui a accueilli le sommet des Açores au cours duquel, plusieurs pays européens ont apporté leur soutien à l'aventure irakienne de George W. Bush. D'ailleurs, en 2005, le peuple portguais a fait payer cet alignement en infligeant une défait historique aux conservateurs.
Depuis qu'il est à la présidence de la Commission européenne, Barroso n'a cessé de jouer un double jeu et d'affaiblir les institutions qu'il était sensé renforcer. Il a soutenu jusqu'au bout Buttiglione l'homophobe proche de Berlusconi lors que celui voulait être commissaire européen. Il a défendu jusqu'au bout la directive Bolkestein. Il a excellé dans le double langage : socialiste avec les socialistes, conservateur avec les conservateurs.
En choisissant d'affirmer un ancrage à gauche, le PSE, par la voix de son président, Poul Nyrup Rasmussen, a une ligne claire : Barroso n'est pas son candidat.
En l'occurrence, il n'est pas acquis que les eurodéputés socialistes suivent le choix de leurs gouvernements si ceux-ci soutiennent celui qui a été incapable d'organiser la riposte européenne face à la crise et qui est l'ami de Sarkozy et Berlusconi.
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