Qui sont les békés ? Depuis la diffusion du documentaire de Canal plus, les derniers maîtres de la Martinique et la médiatisation, tardive, mais salutaire du mouvement social qui secoue les DOM-TOM, ils sont sortis de la confidentialité dans laquelle ils étaient confinés - celles des connaisseurs de l'outremer, des décideurs des ministères et des compagnons de route historiques de l'ex RPR. Ils symbolisent l'ancien régime esclavagiste et colonial et dans la mesure où beaucoup d'entre eux perpétuent, comme un héritage plus ou moins fièrement assumé la lignée des maîtres. Hier des nègres, aujourd'hui de l'économie dans les îles.
On a beaucoup écrit et analysé la condition du colonisé. Damné de la terre, nouveau prolétaire en lutte pour son émancipation, le colonisé fut le héros de l'après guerre quand, entre les années 60 et 80, les combats de libération nationale, adossé à des formes plus ou moins librement adaptées du socialisme marxiste ou non. Mais les colons, les représentants locaux de la puissance coloniale, sont une catégorie tout à fait intéressante. d'abord, il ne faut pas généraliser. Si on prend le cas des Pieds-noirs, il n'y a rien d'autre que la couleur de peau qui soit commun au petit commerçant désargenté venu d'Espagne ou d'Italie qui tenta de joindre les deux bouts dans un quartier populaire d'Oran et les propriétaires ont les fonctionnaires qui s'organisèrent politiquement pour la défense de leurs privilèges, contres les Arabes. Les colons français d'Algérie sont les premiers à avoir imaginé, des candidatures "antijuives" aux élections comme ont disait à l'époque, c'est-à-dire à la fin du XIXe siècle.
On connaît la suite, ce soit ces colons d'Algérie, les pieds-noirs qui se sont opposés aux réformes du Front populaire qui, si elles avaient abouti, auraient peut-être permis d'éviter le pire. A l'autre bout du même continent, la colonisation européenne de l'Afrique du sud et des actuels Zimbabwe et Zambie (ex Rhodésie) ou encore Namibie par les Allemands, les Hollandais et les Britanniques a produit un exemple d'exploitation des terres et des hommes qui a allié la privatisation de la terre pour des fortunes comme celles de Cecil Rhodes ou d'une caste d'immigrants qui parfois fuyant les persécutions religieuses en Europe se mit elle-même à persécuters les noirs qu'elle appelait "Cafres" ou "Kafirs". Les Boers puis les Afrikaners devinrent les nouveaux maîtres de ces pays plein de richesses. On connaît la suite. L'Afrique du sud devint un véritable pays occidental au prix d'une politique affreuse, l'apartheid, un système de ségrégation à tous les échelons de la société.
La mentalité du colon est donc une mentalité de conquérant d'un espace à civiliser, à exploiter pour le compte d'une puissance ou d'un groupe d'individus.
Les Békés n'échappent pas à cette règle. Ils en sont l'expression la plus ancienne en vérité puisque depuis les origines, ils ont su défendre leurs intérêts. D'abord en affirmant leur autorité face à l'Etat. Historiquement, les colonies n'ont pas toujours été des possessions de nations à l'origine. Elles appartiennent à des compagnies et peu à peu, la souveraineté d'une couronne s'y affirme. Les colonies n'existent que pour l'exploitation des sols ou le peuplement et par conséquent les populations indigènes furent réduites en esclavage ou décimées par les maladies ou les massacres. Pour renouveler la main d'œuvre, on fit appel aux Africains qui furent déportés en masse. Leur servitude fit la fortune de familles entières, spécialisées dans le café, le sucre, le rhum, le coton, l'indigo etc...
La révolte du Gaoulé en 1717 fut l'exemple de l'affirmation de la primauté des intérêts des planteurs sur tout le reste, y compris l'autorité française. Lors de ces événements, ils séquestrèrent le gouverneur de la Varenne avant de le renvoyer dans un bateau vers la France !
L'ordre établi est garanti par le Code noir en 1685, l'année même de la révocation de l'Edit de Nantes et la Révolution de 1789 ne change pas grand chose car les colons, en Martinique préfèrent passer sous domination anglaise plutôt que de perdre leurs privilèges, c'est l'accord de Whitehall, signé en 1793 par Jean-Baptiste Dubuc. L'abolition de 1794 est un argument supplémentaire pour l'insurrection qui avait déjà éclaté à Saint-Domingue et bientôt en Guadeloupe. Il est clair que la République n'a pas fait respecter l'abolition dans les îles. Ses moyens étaient réduits. Les colons ont profité de la distance pour entre en dissidence et cette attitude d'impunité à l'égard des lois restera une constante. Victor Hugues, en Guadeloupe fit massacrer les contre-révolutionnaires, parmi lesquels de nombreux planteurs. Ce qui explique partiellement que la réalité des Békés est plus forte en Martinique qu'en Guadeloupe.
Lorsque la seconde abolition, celle de 1848 intervint, elle ne s'accompagna pas d'une réforme agraire qui aurait pu garantir une redistribution des terres. De fait les planteurs passèrent du statut de maître à celui de patron, jouissant de leur influence sur une administration plus coloniale que républicaine. Un gouverneur ou un préfet envoyé dans les îles, ainsi qu'un instituteur muté sous les tropiques, ce n'était pas une promotion fortement recherchée.
Des plantations aux usines, la caste blanche s'est clairement comportée comme les propriétaires des mines ou fabriques d'Europe, exploitant un prolétariat maintenu dans la misère et dont les éléments agitateurs - syndicalistes ou journalistes - pouvaient à tout moment être victimes d'une répression sauvage. C'est pourquoi, le mouvement ouvrier aux Antilles a une histoire sanglante. L'actuel mouvement en Guadeloupe rappelle aux plus anciens les événements de mai 67.
Le "mai 67" guadeloupéen
Après le passage du cyclone Inès, qui a dévasté l’île en septembre 1966, la situation sanitaire et sociale attend un niveau de graivté sans précédent. Le 26 mai 1967, des ouvriers du bâtiment, en grève depuis le début du mois se rassemble pour revendiquer une augmentation des salaires de 2%. On prête au représentant du patronat, M. Brizzard, cette déclaration : “Quand les nègres auront faim, ils reprendront le travail !”. La rumeur se répand dans la vie. La tension monte, les forces de l’ordre chargent. Pointe-à-Pitre s’embrase peu à peu. Sans sommations, les CRS tirent sur la foule. Pendant trois jours, la ville est à feu et à sang.
Peu à peu, le calme revient. Les CRS ont utilisé des balles qui explosent une fois qu’elles ont pénétré dans les corps. Selon les rapports officiels, on compte huit morts. Vingt ans plus tard, le bilan réel est révélé, au moins 87 morts.
Les Békés possèdent la majorité des terres et l'essentiel des enseignes de la grande distribution. Il n'est pas faux de dire qu'ils "tiennent" l'économie. 1 % de la population possédant 40 % du foncier c'est loin de l'égalité républicaine. Encore une fois, ils ont longtemps créé les conditions pour que l'Etat regarde ailleurs. La récente affaire du chlordécone que les planteurs ont importé en toute illégalité un pesticide interdit, polluant durablement le nord de la Martinique est une illustration supplémentaire.
La question n'est pas que d'ordre social, c'est-à-dire, le maintien de privilèges aux mains d'une minorité d'accapareurs, elle est politique puisque ces personnes, souvent très liées à la droite française ont leurs entrées dans les hautes sphères de l'Etat. Elle est économique car, la politique des prix permet des profits immenses, pour une fiscalité très avantageuse puisque les aides sont détournées - ce qui conduit à avoir, pour les mêmes enseignes qu'en métropoles, des prix multipliés par 3 voire, par 5. Il n'est pas rare de voir des familles antillaises partir "au pays" en vacances, en emportant leur bouffe ! Cette question est aussi raciale car, les békés maintiennent depuis toujours la "pureté de la race", ne se mariant qu'entre eux, ce qui a conduit à des unions consanguines. Tout béké qui a un enfant avec un nègre ou un mulâtre (produit d'une union entre un blanc et un noir), est exclu du clan. Il devient un "béké en bas feuille". Des békés peuvent travailler avec des noirs, mais ils ne se mélangent pas au point de partager des choses en dehors du bureau par exemple. Philippe Lavil, le chanteur bien connu a toujours défendu ces positions alors qu'il a fait carrière sur la mise en valeur de la musique antillaise...
Mais tous les békés ne sont pas les odieux racistes comme le Hayot ou de Huygues-Despointes, nationalement connus désormais, depuis la diffusion du documentaire de Canal plus. Il existe aussi des békés désargentés, qu'on appelle les "békés goyave". Tous n'adhèrent pas à cette idéologie qui conduit certains à relativiser la gravité de l'esclavage. Et certains, comme Roger de Jaham, tentent d'ouvrir un chemin vers une modernité à laquelle beaucoup de leurs semblables tournent encore le dos.
On a beaucoup écrit et analysé la condition du colonisé. Damné de la terre, nouveau prolétaire en lutte pour son émancipation, le colonisé fut le héros de l'après guerre quand, entre les années 60 et 80, les combats de libération nationale, adossé à des formes plus ou moins librement adaptées du socialisme marxiste ou non. Mais les colons, les représentants locaux de la puissance coloniale, sont une catégorie tout à fait intéressante. d'abord, il ne faut pas généraliser. Si on prend le cas des Pieds-noirs, il n'y a rien d'autre que la couleur de peau qui soit commun au petit commerçant désargenté venu d'Espagne ou d'Italie qui tenta de joindre les deux bouts dans un quartier populaire d'Oran et les propriétaires ont les fonctionnaires qui s'organisèrent politiquement pour la défense de leurs privilèges, contres les Arabes. Les colons français d'Algérie sont les premiers à avoir imaginé, des candidatures "antijuives" aux élections comme ont disait à l'époque, c'est-à-dire à la fin du XIXe siècle.
On connaît la suite, ce soit ces colons d'Algérie, les pieds-noirs qui se sont opposés aux réformes du Front populaire qui, si elles avaient abouti, auraient peut-être permis d'éviter le pire. A l'autre bout du même continent, la colonisation européenne de l'Afrique du sud et des actuels Zimbabwe et Zambie (ex Rhodésie) ou encore Namibie par les Allemands, les Hollandais et les Britanniques a produit un exemple d'exploitation des terres et des hommes qui a allié la privatisation de la terre pour des fortunes comme celles de Cecil Rhodes ou d'une caste d'immigrants qui parfois fuyant les persécutions religieuses en Europe se mit elle-même à persécuters les noirs qu'elle appelait "Cafres" ou "Kafirs". Les Boers puis les Afrikaners devinrent les nouveaux maîtres de ces pays plein de richesses. On connaît la suite. L'Afrique du sud devint un véritable pays occidental au prix d'une politique affreuse, l'apartheid, un système de ségrégation à tous les échelons de la société.
La mentalité du colon est donc une mentalité de conquérant d'un espace à civiliser, à exploiter pour le compte d'une puissance ou d'un groupe d'individus.
Les Békés n'échappent pas à cette règle. Ils en sont l'expression la plus ancienne en vérité puisque depuis les origines, ils ont su défendre leurs intérêts. D'abord en affirmant leur autorité face à l'Etat. Historiquement, les colonies n'ont pas toujours été des possessions de nations à l'origine. Elles appartiennent à des compagnies et peu à peu, la souveraineté d'une couronne s'y affirme. Les colonies n'existent que pour l'exploitation des sols ou le peuplement et par conséquent les populations indigènes furent réduites en esclavage ou décimées par les maladies ou les massacres. Pour renouveler la main d'œuvre, on fit appel aux Africains qui furent déportés en masse. Leur servitude fit la fortune de familles entières, spécialisées dans le café, le sucre, le rhum, le coton, l'indigo etc...
La révolte du Gaoulé en 1717 fut l'exemple de l'affirmation de la primauté des intérêts des planteurs sur tout le reste, y compris l'autorité française. Lors de ces événements, ils séquestrèrent le gouverneur de la Varenne avant de le renvoyer dans un bateau vers la France !
L'ordre établi est garanti par le Code noir en 1685, l'année même de la révocation de l'Edit de Nantes et la Révolution de 1789 ne change pas grand chose car les colons, en Martinique préfèrent passer sous domination anglaise plutôt que de perdre leurs privilèges, c'est l'accord de Whitehall, signé en 1793 par Jean-Baptiste Dubuc. L'abolition de 1794 est un argument supplémentaire pour l'insurrection qui avait déjà éclaté à Saint-Domingue et bientôt en Guadeloupe. Il est clair que la République n'a pas fait respecter l'abolition dans les îles. Ses moyens étaient réduits. Les colons ont profité de la distance pour entre en dissidence et cette attitude d'impunité à l'égard des lois restera une constante. Victor Hugues, en Guadeloupe fit massacrer les contre-révolutionnaires, parmi lesquels de nombreux planteurs. Ce qui explique partiellement que la réalité des Békés est plus forte en Martinique qu'en Guadeloupe.
Lorsque la seconde abolition, celle de 1848 intervint, elle ne s'accompagna pas d'une réforme agraire qui aurait pu garantir une redistribution des terres. De fait les planteurs passèrent du statut de maître à celui de patron, jouissant de leur influence sur une administration plus coloniale que républicaine. Un gouverneur ou un préfet envoyé dans les îles, ainsi qu'un instituteur muté sous les tropiques, ce n'était pas une promotion fortement recherchée.
Des plantations aux usines, la caste blanche s'est clairement comportée comme les propriétaires des mines ou fabriques d'Europe, exploitant un prolétariat maintenu dans la misère et dont les éléments agitateurs - syndicalistes ou journalistes - pouvaient à tout moment être victimes d'une répression sauvage. C'est pourquoi, le mouvement ouvrier aux Antilles a une histoire sanglante. L'actuel mouvement en Guadeloupe rappelle aux plus anciens les événements de mai 67.
Le "mai 67" guadeloupéen
Après le passage du cyclone Inès, qui a dévasté l’île en septembre 1966, la situation sanitaire et sociale attend un niveau de graivté sans précédent. Le 26 mai 1967, des ouvriers du bâtiment, en grève depuis le début du mois se rassemble pour revendiquer une augmentation des salaires de 2%. On prête au représentant du patronat, M. Brizzard, cette déclaration : “Quand les nègres auront faim, ils reprendront le travail !”. La rumeur se répand dans la vie. La tension monte, les forces de l’ordre chargent. Pointe-à-Pitre s’embrase peu à peu. Sans sommations, les CRS tirent sur la foule. Pendant trois jours, la ville est à feu et à sang.
Peu à peu, le calme revient. Les CRS ont utilisé des balles qui explosent une fois qu’elles ont pénétré dans les corps. Selon les rapports officiels, on compte huit morts. Vingt ans plus tard, le bilan réel est révélé, au moins 87 morts.
Les Békés possèdent la majorité des terres et l'essentiel des enseignes de la grande distribution. Il n'est pas faux de dire qu'ils "tiennent" l'économie. 1 % de la population possédant 40 % du foncier c'est loin de l'égalité républicaine. Encore une fois, ils ont longtemps créé les conditions pour que l'Etat regarde ailleurs. La récente affaire du chlordécone que les planteurs ont importé en toute illégalité un pesticide interdit, polluant durablement le nord de la Martinique est une illustration supplémentaire.
La question n'est pas que d'ordre social, c'est-à-dire, le maintien de privilèges aux mains d'une minorité d'accapareurs, elle est politique puisque ces personnes, souvent très liées à la droite française ont leurs entrées dans les hautes sphères de l'Etat. Elle est économique car, la politique des prix permet des profits immenses, pour une fiscalité très avantageuse puisque les aides sont détournées - ce qui conduit à avoir, pour les mêmes enseignes qu'en métropoles, des prix multipliés par 3 voire, par 5. Il n'est pas rare de voir des familles antillaises partir "au pays" en vacances, en emportant leur bouffe ! Cette question est aussi raciale car, les békés maintiennent depuis toujours la "pureté de la race", ne se mariant qu'entre eux, ce qui a conduit à des unions consanguines. Tout béké qui a un enfant avec un nègre ou un mulâtre (produit d'une union entre un blanc et un noir), est exclu du clan. Il devient un "béké en bas feuille". Des békés peuvent travailler avec des noirs, mais ils ne se mélangent pas au point de partager des choses en dehors du bureau par exemple. Philippe Lavil, le chanteur bien connu a toujours défendu ces positions alors qu'il a fait carrière sur la mise en valeur de la musique antillaise...
Mais tous les békés ne sont pas les odieux racistes comme le Hayot ou de Huygues-Despointes, nationalement connus désormais, depuis la diffusion du documentaire de Canal plus. Il existe aussi des békés désargentés, qu'on appelle les "békés goyave". Tous n'adhèrent pas à cette idéologie qui conduit certains à relativiser la gravité de l'esclavage. Et certains, comme Roger de Jaham, tentent d'ouvrir un chemin vers une modernité à laquelle beaucoup de leurs semblables tournent encore le dos.
Encore un post passionnant, Pierre.
Le détour sur le fait colonial complète historiquement ce qui aurait pu rester un portrait antillais.
Rédigé par : julien | 17 février 2009 à 12:15
Monsieur Kanucy,
Auriez vous l'extrême obligeance de m'apporter le moindre embryon de preuve de votre conviction, sur lequel vous vous appuyez lorsque vous affirmez que je" défends la position" selon laquelle " des békés peuvent travailler avec des noirs, mais ils ne se mélangent pas au point de partager des choses en dehors du bureau, par exemple." (sic)
Cordialement.
Philippe lavil.
Rédigé par : Philippe lavil | 19 février 2009 à 15:27
Je faisais référence à une déclaration de Philippe Lavil, faite à la télévision dans laquelle il jugeait normal que noirs et békés ne se mélangent pas. J'en veux preuve qu'il était très bien placé pour justement inciter ses semblables à l'ouverture...
Rédigé par : Pierre Kanuty | 19 février 2009 à 21:48
monsieur,je trouve les infos que vous donnez tres interessantes car je ne suis pas une specialiste de l'histoire des antilles françaises et j'essaie de comprendre les evenements qui se deroulent actuellement la bas...je suis cependant etonnée de vos propos sur philippe lavil car je ne l'ai jamais entendu rien dire de tel
Rédigé par : NATHALIE KARAYAN | 19 février 2009 à 21:58
Je reprécise. Il s'agissait d'un reportage sur la musique antillaise et les Antille, diffusé dans les années 80, à l'époque où ce chanteur avait du succès. Le journaliste expliquait qui étaient les békés et il relevait le fossé avec les noirs et Lavil, interrogé, ne remettait pas en cause cette séparation. Bien sûr, ça ne l'a pas empêché de travailler avec des Noirs. Ce que je critique, c'est la défense d'un système archaïque, hérité d'une période sombre.
Rédigé par : Pierre Kanuty | 20 février 2009 à 05:04
Bonjour Monsieur,
Il est indispensable que vous citiez vos sources d'informations de manière précise: quelle émission des années 80, quels propos tenus? Vous comprendrez facilement qu'en cette période très tendue, on ne peut en aucune manière s'appuyer sur des réminiscences, des "il parait que" et des "on m'a dit que". Vos propos me concernant ( qui en ces temps, pourraient être assimilées à des accusations) sont aux antipodes de mes convictions.
Cordialement.
Philippe lavil.
Rédigé par : Philippe lavil | 20 février 2009 à 10:33
t'as des stars qui te lisent Pierre
Rédigé par : julien | 20 février 2009 à 15:53
Monsieur Lavil, il suffit de voir votre dernière interview sur BFM TV avec Karl Zero (le 18 ou le 19 Fevrier) pour constater où va votre solidarité. En 2 mots, selon vous les Bekes seraient des "fils de nobles" qui ont "participé au développement" de la Martinique et "nous sommes un bon nombre... a avoir signé le manifeste pour reconnaître l'esclavage comme crime contre l'humanité". Cette incapacité à reconnaître la véritable origine des bekes (paysans, repris de justice, prostituées et seulement 10 % de nobles : on trouve les sources partout sur le net), cette incapacité à dire que Beke = descendant d'esclavagiste point barre, et ce "nous" qui vous permet de vous exprimer au nom des Bekes, décrédibilisent complètement votre propos. Que vous soyez impregné définitivement d'une légende familiale où tout est rose, c'est votre problème. Cela ne dérange personne. Mais que vous cherchiez à répandre cette légende sur tous médias, en pointant du doigt "l'ignorance" des autres témoins (comme Thuram), ou en exigeant de tel ou tel ses références (alors que vous-même n'en produisez aucune), nous laisse juste penser que vous avez choisi votre camp, et que vous naviguez entre révisionnisme et concurrence victimaire. Que vous le fassiez de bonne foi n'atténue en rien votre (ir)responsabilité. Votre interview sur BFM est toujours accessible, si vous voulez étayer chacune de vos affirmations péremptoires (par exemple "les bekes possedent 12% maximum des richesses de la martinique), vous pouvez encore le faire : je suis certain que notre hôte du jour se fera un plaisir d'accueillir vos sources historiques, sociologiques et économiques. Très cordialement. Eric
Rédigé par : Eric | 21 février 2009 à 14:20
Je suis étonné de voir les fantasmes que peuvent véhiculer les gens à propos des "békés" et qui font penser l'observateur externe que je suis à ceux qui étaient véhiculés sur les juifs pendant l'entre deux guerres.
On trouve les mêmes types d'argumentaires sur leur puissance occulte supposée, leur consanguinité (d'ailleurs contradictoire avec le fait qu'ils seraient majoritairement issus de repris de justice envoyés là-bas au cours du XIXè siècle) ou leur volonté insatiable d'amasser de l'argent.
Chaque fois dans l'histoire qu'une minorité a été rendue responsable des malheurs de la majorité, il s'est hélas avéré que c'était extrêmement exagéré, et ça n'a pas résolu le problème.
Par ailleurs, le débat bourreau-victime me semble surréaliste. L'abolition définitive esclavage remonte à près de 7 générations. J'aimerais bien connaître une personne qui soit capable de garantir sans hésitation aucune que tous ses ancêtres ont été absolument irréprochables, et ce sur 7 générations. Mais bon, il y a bien des gens pour reprocher encore aujourd'hui aux juifs d'avoir livré Jésus aux romains...
Quant à faire l'inventaire des biens mobiliers ou immobiliers en fonction de l'ethnie, j'ai un petit doute sur le fait que ça soit du goût de la Halde. Mais si ça peut éviter des morts inutiles...
Bref, ce mouvement qui vise à diaboliser un petit groupe de personnes me rappelle de très sombres moments et me fait me questionner sur les raisons réelles de cette campagne.
Rédigé par : Jean | 21 février 2009 à 18:58
@jean
Cela s'appelle le Point Godwin Monsieur. Vous venez de le toucher, vous avez gagné le droit à une visite sur Wikipedia. Vous auriez pu penser au sang bleu de l'ancien régime, ou aux nombreux potentats à travers le monde établis sur des systèmes de castes ethniques, idéologiques, réligieuses ou économiques... mais vous êtes allé droit sur le Godwin. Comme quoi, il ne suffit pas de dire "sombre", nauséabond", "relents" et "immonde" pour dire quelque chose d'intelligible. Sur ce, il ne reste plus qu'à fermer le fil. Dommage. Bonsoir chez vous, et bises à Oui-Oui.
Rédigé par : Eric | 22 février 2009 à 13:04
C'est curieux cette réaction qui fait qu'on se fait insulter dès qu'on essaie de comprendre. Je pensais naïvement que je trouverais sur ce blog de quoi mieux appréhender ce qui n'est que caricaturé dans les médias.
Quand vous prêtez des mots aux autres, vérifiez auparavant que ceux-ci les ont utilisés. Sur le 4 mots que vous me prêtez, je n'en ai utilisé qu'un seul, "sombre". Et à dire vrai, il me semble encore utilisable, puisque personne ne m'a éclairé sur le sujet...
J'ai bien compris que mes questions d'imbécile ne sont pas du niveau de ce blog, je ne vois pas du tout d'objection à ce que son animateur les "nettoie" pour "remonter le niveau".
Rédigé par : Jean | 22 février 2009 à 14:38
Content de vous avoir touché. Pour information, votre comparaison est insultante. Assimiler la remise en cause du communautarisme Beke à de l'antisémitisme susceptible d'entraîner un génocide est insultant. D'autant plus insultante que les Antilles ont payé leur tribut en vies humaines à la lutte contre l'antisémitisme nazi sans avoir collaboré autant que la métropole à son institutionnalisation. Vous ne cherchez pas à comprendre, vous vous donnez le beau rôle en nous infligeant votre prisme probablement idéologique. Il y a tellement d'insinuations dans votre post (fantasmes, puissance occultes, consanguinité, volonté insatiable, ancêtres irréprochables, inventaire patrimoniaux ethniques) que votre discours en est inintelligible (à ne pas confondre avec inintelligent ou imbécile). A qui voudriez-vous faire croire maintenant que vous êtes venu vous informer, chercher à comprendre ? Cela dit, si vous souhaitez comprendre, acceptez que la lutte contre les communautarismes soit toujours d'actualité en France. De la même manière que la lutte contre les monopoles et les abus de position dominante. Renseignez-vous sur les traumatismes identitaires liés à l'esclavage. Découvrez la notion d'Etat Colonial, et ses implications sur le système économique et social. Essayez-vous à comparer les antilles et la Corse... vous découvrirez peut-être que les humains qui habitent les antilles sont aussi capables de modération que vous. Votre discours transpire "le bon côté du manche". Au fait, si cela peut faire avancer, je ne me considère pas du mauvais côté du manche. Je suis moi aussi un observateur "externe", mais j'essaie de vraiment observer, et je me sens concerné. Désolé, pour mon allusion à Oui-Oui, je ne vous ai pas imaginé si sensible après votre premier post.
Rédigé par : Eric | 22 février 2009 à 16:40
Nous ne sommes manifestement pas de la même génération.
Je suis juste un vieux monsieur qui lutte inlassablement contre la haine sous toutes ses formes. Je répugne à voir condamner qui que ce soit sans avoir entendu sa défense, que ce soit un humain ou une communauté.
JE LE RÉPÈTE : COMME MES PROPOS DÉRANGENT SUR CE BLOG, MERCI DE LES EFFACER.
Rédigé par : jean | 22 février 2009 à 18:32
Vous voyez : sur le fond, nous sommes d'accord. Comme Pierre, et probablement Philippe d'ailleurs. Il faut juste prendre conscience que chaque fois qu'on veut défendre quelqu'un, on accuse quelqu'un d'autre.
Pierre a voulu prendre la défense des martiniquais et guadeloupéens que l'on stigmatise comme étant incapables de s'en sortir malgré l'assistance de l'hexagone, il s'est fait accuser par Philippe, qui voulait se défendre lui et la communauté Beke, alors moi j'ai voulu défendre pierre, et vous m'avez accusé, alors je me suis défendu. Etc, etc...
Bref, il ne s'agit pas de censurer tout le monde, mais d'appliquer aux autres la mesure que l'on exige pour soi. Toutes mes excuses si je vous ai bousculé. Et mon respect pour votre persévérance dans la lutte contre les injustices. Sincèrement.
Rédigé par : Eric | 23 février 2009 à 12:39
Merci pour votre réponse. Ce qui m'a surpris au départ et créait mon interrogation peut-être un peu violemment formulée, c'est le décalage entre les accusations portées sur les békés d'une manière générale et la réaction de certains de leurs membres apparemment très impliqués vers l'ouverture de leur communauté. (Je mets volontairement de côté le reportage de Canal+)
En naviguant sur les différents blogs, j'ai trouvé une théorie selon laquelle les békés seraient mieux intégrés en Martinique qu'en Guadeloupe parce qu'ils y sont plus nombreux. Je trouve le paradoxe intéressant, et assez proche de ce que l'on peut constater dans de îles de l'océan Indien où le métissage est beaucoup plus fort qu'ailleurs, ce qui rend la différenciation raciale beaucoup moins "visible".
De fait, n'y a-t-il pas une solution pour la Guadeloupe qui passerait non pas par l'expulsion des "métros" et des "blancs pays", mais au contraire par un effort soutenu pour "mélanger" les deux populations ? N'ont ils pas finalement la même culture (langue, cuisine, comptines pour enfants, etc.) à peu de choses près ?
Ce que je crains fort, c'est que les événements actuels n'aillent pas vraiment dans ce sens.
Rédigé par : Jean | 23 février 2009 à 17:14
Jean,
peut-être faites vous référence au billet de Pierre (voir plus haut)
"Victor Hugues, en Guadeloupe fit massacrer les contre-révolutionnaires, parmi lesquels de nombreux planteurs. Ce qui explique partiellement que la réalité des Békés est plus forte en Martinique qu'en Guadeloupe."
Rédigé par : julien | 25 février 2009 à 17:29
Tous les "békés" sont-ils des descendants de planteurs ayant des esclaves ? N'y avait-il pas des colons (au sens 1er du terme)modestes qui vivaient de leur travail (pécheurs par ex.) ? Je pense aux habitants des Saintes en disant cela.
Rédigé par : polluxe | 26 février 2009 à 17:39
Bonjour, Je rentre à peine hier de la Martinique....effectivement il y a un malaise entre les békés et les afro antillais...on le ressent...je pense qu'il y a eu de l'abus de pouvoir de la part de certaines familles békés...mais de là à mettre tous les békés dans le même sac je ne suis pas d'accord...le raciste existe et existera toujours...de blanc à noir et de noir à blanc...mon mari est africain et moi blanche européenne. Il a été traité de sale africain par un afro antillais en martinique la semaine dernière(et ce n'est pas le seul...) donc c'est pour vous dire à quel point les martiniquais ont un problème avec leur histoire...En ce qui concerne les békés, on peut l'être et avoir sa consience tranquille et se considérer avant tout martiniquais quel que soit la couleur de peau et sa descendance....je pense que condamner Philippe Lavil de la manière dont certains le font n'est pas juste, tout juste parce qu'il est béké...il est martiniquais et fière de l'être et cela se voit dans son coeur lorqu'il parle de la martinique....J'ai enormément voyager dans ma vie mais la martinique reste l'ile ou le pays où j'ai ressenti pour la première fois de ma vie plusieurs forme de racisme et c'est désolant!!!!
Rédigé par : sandra Deme | 11 mars 2009 à 07:12
Sandra, même les plus racistes des Antillais considèrent les Békés comme "Antillais" et personne ne se considère comme "afro-antillais". On met les pieds dans le plat en se nommant nous-mêmes "nègres". Bizarrement, quand c'est un Blanc qui le dit, ça passe moins bien :) C'est tout le paradoxe de notre histoire, malgré tout, elle est un héritage commun. Il y aura réconciliation lorsqu'il y aura égalité des chances et un passé partagé. C'est en cours, mais c'est long.
Le regard sur les Africains a changé lui aussi, c'est une autre histoire, intéressante aussi...
Rédigé par : Pierre Kanuty | 11 mars 2009 à 16:02
...J'espère de tout coeur la réconciliation aux antilles françaises car je persiste à la dire, la guadeloupe te la martinique sont les perles de la caraîbes....j'ai beaucoup voyagé, mais les antilles refletent de paysages aux milles couleurs....je suis rentrée cela va faire une semaine demain et je ressens une certaine nostalgie de la martinique alors que je suis pas originaire de là bas....je réfléchi même à l'idée d'aller en guadeloupe au lieu d'aller faire la crêpe sur les plages d'europe cet été pour dire...
Rédigé par : sandra Deme | 15 mars 2009 à 13:49
Vous commencez votre analyse en citant le sois disant documentaire "les derniers maîtres de la Martinique". Cette vidéo n'est rien d'autre qu'une propagande anti-béké. Les chiffres annoncés sont grotesques et la vidéo est une caricature. Ce qui est surprenant est que vous prenez ces images pour argent comptant sans même vérifier les chiffres ou les images.
Si vous compilez plus de 2 mois de tournage et ne gardant que les mauvais passages en y ajoutant quelques montages vidéos accompagnés de commentaires à parti pris, vous obtenez une vidéo de propagande.
Les békés, 1% de la population, représentent 20% du PIB de l'île.
Le groupe Bernard Hayot représente 13% de la grande distribution.
Or, selon cette vidéo les békés sont responsables de tous les maux de la Martinique.
Leur principal tort est d'être resté silencieux.
Rédigé par : qwerty | 30 mars 2009 à 22:11
La mainmise du Béké sur l’économie et sa grande influence sur le coût de la vie et le social font que les Gudeloupéens vivent une nouvelle forme d’esclavage. "Autopsie d’un Guadeloupéen" de Robert Verger (moi-même) paraîtra en juin 2009 aux éditions L’Harmattan. C’est un roman autobiographique qui parle des problèmes sociaux et économiques de la Guadeloupe, des différentes castes et de la domination économique des Békés, ces descendants d’esclavagistes. Mais aussi de l’Antillais en nous décrivant tels que nous sommes vraiment. Des dents vont peut-être grincées... Mais bon, on rit beaucoup. Car nous sommes passés maîtres dans l’art de l’autodérision. Des extraits sur mon blog perso et non commercial : http://robertverger.blogspot.com
Rédigé par : stylobic | 15 mai 2009 à 15:07
Je suis stupéfait que l'on continue discourir sur des sujets complètements dépassés.
Pour revenir rapidement, sur un fait d'histoire..
1) Il n'y a eu esclavage que PAR CE QUE il y avait ACHETEURS ET VENDEURS.
donc, les Vilains blancs, ont acheté des personnes que parce que de vilains noirs les ont VENDUS... est ce clair.
2) Faits répréhensibles ... mais c'était l'époque ..., depuis nous avons l'égalité des chances
3) Actuellement :
- Les békés ne sont que quelques uns, 3000 à 4000 âmes donc, moins de 1%, alors ne dites pas qu'ils détiennent tout... vous avez le pouvoir de changer la donne, donnez vous les moyens et arrêtez de croire que l'Etat vous donnera tout, et tout cuit.
Rédigé par : Eric | 18 septembre 2011 à 15:47
Eric, meme en étant con tu resterais éphémère, babiole et compagnie sur le bout de ta lang non jamais rien donner de tel, ne laisse pas tes doits traduire publiquement ta pensée tu semble ne pas la maitriser.
Rédigé par : Ludo | 09 juin 2014 à 01:09