On entend souvent, ici et là, que telle motion aurait, par rapport à d'autres, le mérite de la cohérence. Ce qui, serait un atout majeur pour garantir un avenir incertain avec d'autres.
Au PS, où, sur une vie militante, tout le monde s'est, tôt ou tard allié avec tout le monde, on pourrait dire au regard de l'Histoire que tout ça n'a pas grand sens. Mais c'est une très bonne chose qu'on se soucie de la cohérence de la démarche à laquelle on égard. Puisque chacun trouve midi à sa porte, on dira que le brevet en cohérence procède d'une subjectivité qu'il faut reconnaître. Si la cohérence c'est l'union complète entre des idées, la fusion entre idées qui s'accordent alors, il faut souhaiter la cohérence jusqu'au bout. Et c'est là que le bât blesse. La cohérence ce n'est pas seulement donc l'union des gens qui pensent la même chose, mais aussi une solidarité totale sur le bilan et sur les perspectives.
Dans la démarche de Bertrand Delanoë, cela signifie assumer pleinement le bilan de François Hollande qui, comme le dit un camarade est "contrasté". Or, François n'échappera pas au bilan de son double quinquennat. Ce n'est pas, comme on l'a déjà dit, un procès personnel, mais le bilan d'une période avec laquelle il faut rompre pour le bien du parti et l'avenir de la gauche. Le piège du conservatisme ou la tentation de l'immobilisme menace.
A l'autre bout du champ politique, la motion C conduite par Benoît Hamon est elle aussi concernée par la même logique. Si nos camarades hamonistes se drappaient fièrement dans la même idée que la cohérence constitue le talisman suprême de leur motion, ils se retrouveraient eux-aussi piégés. Anciens jeunes rocardiens plutôt "modernistes" durant toutes les années 90, aux prises avec des militants venus du trotskisme, ils sont aujourd'hui en fusion au point d'en singer parfois les cultures. Point positif, ils sont en phase avec le mouvement social, point négatif, ils postulent d'abord qu'il faut être à gauche et après ils meublent.
Alors on nous dira que la motion D n'est pas l'archétype de la cohérence. Mais pour nous la cohérence n'est pas la seule valeur qui vaille. D'abord, la motion est l'aboutissement d'une démarche à laquelle beaucoup de socialistes ont participé à l'origine, même si certains ont déserté le champ en cours de routes, allant jusqu'à critiquer aujourd'hui ce qu'ils ont soutenu au début. Nous avons recherché plutôt la consistance : se contenter de nos accords ne suffisait pas, il fallait réduire ou surmonter aussi nos désaccords. Il y avait là un exercice de lucidité et d'autocritique. Et puisque personne ne s'est renié dans la motion D - les gens hostiles ou pas convaincus ont fait d'autres choix, librement - c'est donc moins un choix par défaut qu'une aventure politique intelligente : dépasser les désaccords d'hier pour construire le parti de demain. Voilà ce qu'est la vraie cohérence : puisque nous sommes tous socialistes, forgeons non pas l'unanimité, mais simplement, l'unité pour l'action. La situation du pays et de la gauche le commandent aujourd'hui.
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