Parmi les grandes sentences que
nous avons tous prononcés au moins une fois et entendu au moins cent fois, il y
a l’idée selon laquelle « le Parti socialiste traverse une crise de
leadership ». C’est même devenu, depuis longtemps l’argument principal de
la motion Delanoë Hollande, « il faut un chef au Parti socialiste ».
A bien des égards, on a le sentiment que, finalement, tout est subordonné à
cela. Alors que le PS n’a pas énormément réfléchi à l’évolution de sa relation
à la Cinquième république, cette jeune quinquagénaire qui, lors de sa naissance
divisa la SFIO, nous pose crûment la question de notre rapport aux
institutions. Le Parti socialiste, adhérant au présidentialisme, ça ne va pas
de soi au regard de l’idée que l’on se fait du socialisme. La social-démocratie
est plutôt de tendance parlementariste et cela, partout en Europe. Même au
Portugal qui est un des rares pays où l’on élit comme en France le président de
la république au suffrage universel, mais où l’essentiel du pouvoir exécutif
procède du Premier ministre.
Avouer une crise de leadership,
c’est reconnaître la carence qui a miné le parti pendant les six années qui ont
suivi le retrait de Lionel Jospin de la vie politique. Comment pourrait-on
réussir en trois ans ce qu’on n’a pas réussi en six ?
Est-ce l’influence de Ségolène
Royal qui a elle aussi résumé beaucoup de sa pensée politique dans un discours
sur l’autorité ? Car là aussi, on a l’impression que finalement c’est
« juste l’ordre » qu’il faut pour le Parti socialiste.
Pour changer à gauche, il faut
une autre idée du leadership que la seule croyance dans les vertus d’un homme
providentiel, car comme le dit la vieille chanson, « il n’est pas de
sauveur suprême ».
Un leadership ça ne se décrète
pas, cela se construit. Souvent, c’est au cours des circonstances politiques
que les hommes et les femmes se révèlent.
Nous sommes pour un
« leadership de travail » car à gauche, on aime construire des
logiques collectives. Il faut une « dream team » pour faire bouger le
PS dans la bonne direction. Par le passé, une des conséquences des synthèses
molles a été de construire des directions pléthoriques où finalement, on jouait
habilement des égos et des concurrences entre courants, et par une tactique
permanent de « marquage à la culotte », on arrivait à un résultat
navrant : tout le monde s’impuissantant, tout travail était découragé car
les uns prenaient ombrage de la visibilité acquise par les autres.
Puisque dans le calendrier
militant, on vote d’abord pour les motions et ensuite pour les candidats,
confrontons d’abord les projets d’organisation du Parti.
Dans la motion D, la question du
leadership n’apparaît pas de manière aussi obsessionnelle qu’ailleurs car elle
procède d’une dimension collective. La personne qui sera responsable du PS
devra faire fonctionner ce collectif d’intelligences, de talents et d’égos. Pas
de manière clanique en plaçant « ses hommes » aux postes clés et en
verrouillant le reste, mais en jouant la carte de l’unité du parti.
Et dans ce cas, il faudra
apprendre à parler, non pas d’une seule voix, mais d’une même voix,
c’est-à-dire en étant conscient que dans ses déclarations, on engage le Parti.
C’est précisément l’excès de
personnalisation qui a miné le parti ces derniers temps, n’en rajoutons donc
pas car grande serait la déception si on constatait que le héros d’aujourd’hui
se révèle demain un roi fainéant ou un tyran.
Dans Paris, on entend beaucoup d'arguments sur les mérites de Bertrand. Faut-il rappeler qu'entre la maire de Paris et le Parti, il y a plus qu'un passage de la rive droite à la rive gauche, il y a juste la France avec sa diversité, ses exigences et ses blessures... Il faut moins un "chef" qu'une direction politique unitaire qui travaille pour le bien de la gauche et non pour l'ambition d'un homme.
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