C'est le mot qui fuse de plusieurs discussions ici et là à propos du congrès. Solférinologues de l'intérieur et de l'extérieur sont d'accord pour constater qu'il y a pas de dynamique qui démontrerait l'engouement des adhérents socialistes pour un congrès pourtant attendu depuis longtemps. Pour les motions qui sont dans une logique de conquête, comme la motion D, on partait de rien et donc, il n'y a qu'une chose à faire construire. Pour les motions de témoignage comme la motion C, c'est simplement une question d'espace à conforter aujourd'hui pour être incontournable dans les accords demain. Pour les motions comme celle de Royal, outre la volonté de jouer le match retour de 2006, il y a l'idée, qu'on a déjà abordé ici, de la transition entre le présidentalisme et le parti. C'est un peu vrai aussi pour Bertrand Delanoë car dans les deux cas, on a des personnes qui se sont imposés dans le parti récemment par des victoires "personnelles" : deux municipales victorieuses à Paris pour l'un et la campagne interne gagnée dans le parti et perdue dans le pays pour l'autre. Dans l'exercice du congrès, leur parole est questionnée dans les débats militants. Les amis de Royal s'y refusent depuis toujours, les amis de Delanoë y sont prêts depuis le début sans problème bien sûr. Seul, Bertrand semble avoir eu du mal à accepter cette transition là. Et puis, ils doivent convaincre qu'ils ne sont pas des sortants, position aussi partagée par d'autres, mais à moindre échelle.
L'affluence dans les assemblées générales est faible, la quantité importante de militants radiés fait aussi que beaucoup n'ont pas envie de s'acquitter d'une somme trop importante le soir du vote (une cinquantaine d'euros à Paris) pour pouvoir mettre un bulletin dans l'urne.
Les observateurs ne s'attendent donc pas à une forte mobilisation et la suite n'est pas rose non plus. C'est comme si les socialistes, à force d'attendre leur congrès ont fini par y mettre beaucoup plus d'enjeux qu'ils n'y en a réellement aujourd'hui. Beaucoup en effet s'acharnent à banaliser les enjeux du congrès en jetant un regard désabusé ou nonchalant sur un moment où se discute quand même l'avenir du principal parti de l'opposition.
Ceci avant qu'on nous fasse évidemment le coup du "vote utile" pour préférer "la stabilité" à "l'aventure", la "continuité" à la "rupture"... Pourtant, la dramatisation c'est comme l'alcool, il faut en user avec modération. Le PS ne serait au bord de l'éclatement que si ses dirigeants refusaient de s'entendre et pour le coup, il faut les mettre au pied du mur.
Si le congrès ne semble pas passionner les foules, c'est probablement dû à plusieurs facteurs. Un premier facteur qui tend à devenir structurel, l'attentisme généralisé qui conduit à regarder les choses en faisant la fine bouche avant de se décider. C'est devenu "tendance" de faire de la politique sans croire réellement en quoique ce soit... Sur le plan conjoncturel, le congrès du PS est étouffé entre la crise financière et la campagne américaine dont le dénouement interviendra deux jours avant le vote dans les sections. C'est dire, si, l'écho donné aux débats du PS est faible, laissant plutôt le peu de place qui reste aux histoires socialistes sans intérêts alors même que la crise et la campagne présidentielle ont réorienté les débats internes au PS, faisant mentir beaucoup de ceux qui postulent que les socialistes ne regardent que leur nombril.
La manière dont les socialistes doivent fonctionner ensemble et s'opposer est aussi à l'ordre du jour. Qui décide ? Les groupes parlementaires ou le bureau national ? Par exemple...
Pour réenchanter la gauche, il faut en effet, changer à gauche...
La notion de motion même est à bout de souffle. La vieille mécanique socialiste peine et ne séduit plus. La rénovation n'a pas assez été loin, elle aurait du à partir de l'idéal et de l'éthique proposer d'abord et avant tout un nouveau cadre. Le PS merde, et ça ce n'est pas nouveau. Il est sensé promouvoir une alternance démocratique qui allie défense des plus faibles et progrès pour tous. il s'enlise dans la sauvegarde d'instincts particuliers, derrière un nuage de mots supposé les dissimuler. Le navire erre, sans capitaine à bord...
Rédigé par : jpb | 23 octobre 2008 à 16:00
tu sais ce qu'elle te dit la motion de témoignage...bon blague à part tres bon article.
Rédigé par : poussin | 24 octobre 2008 à 10:37