Le conseil national du Parti socialiste a donné le coup d’envoi de la préparation du 75e congrès du principal parti de la gauche française. Une entrée en matière qui devrait permettre à chacun de comprendre que dans la France de Sarkozy avec une droite qui n’a jamais été aussi à droite, après qu’elle fut très adroite dans sa conquête du pouvoir, ce que la gauche a à dire au pays est d’une importance capitale.
Il n’est pas excessif de dire que l’accumulation des symboles et des coïncidences de calendrier contribue à renforcer l’obligation morale, politique et stratégique d’être à la hauteur du rendez-vous.
Un Parti tourné vers l’extérieur
Pendant que les socialistes sont en congrès, le monde n’arrête pas de tourner. Aussi faut-il tourner avec lui. Pour que le congrès soit utile, il doit être ouvert c’est-à-dire que ses débats doivent prouver que le Parti socialiste est en phase avec le monde qu’il prétend transformer.
On sera en pleine présidence française de l’Union européenne, à quelques mois des élections européennes. Elles seront difficiles pour nous car, en termes de « places », il ne sera pas évident de réitérer voire de dépasser la victoire gâchée de 2004 : 31 députés sortants pour un parti qui s’est isolé parfois au sein du PSE pour des postures tactiques à cause d’une vision vérolée par le débat « oui-non ». Il faudra donc être à la hauteur des enjeux européens.
On sera peu de temps après le 40e anniversaire de la constitution du 4 octobre 1958. Nul doute que le Président de la République fera en sorte – commémoration ou non, de capter le flux médiatique qui devrait se porter « naturellement » vers le congrès du PS. Mais là, ce sera l’occasion d’une autocélébration avec l’affirmation de la filiation avec de Gaulle et même, c’est à prévoir, d’une partie, récupérée et réécrite de l’héritage de François Mitterrand. Car pour Sarkozy, après l’agitation des premiers mois et la déception à la fin de l’An I, il faudra, au risque de la glaciation, créer les conditions qui lui permettront de durer.
La question européenne, la question institutionnelle seront donc à l’ordre du jour ainsi que les questions économiques et sociales car elles constituent toujours une toile de fond, surtout en ces moments de récession économique. Le pouvoir d’achat en baisse, le moral en berne et la généralisation de la précarité des jeunes, des salariés et des retraités ainsi que la réalité du chômage caché, voilà l’ordre du jour du congrès. Il faut évidemment y ajouter l’utilité de notre victoire et la nouvelle place des territoires dans la période qui s’ouvre.
Un rôle nouveau pour les élus
Pour le PS, ce sera l’occasion d’assumer sa mutation sur son rapport au régime. La question de la présidentialisation est posée. Il faudra avoir une position intelligente sur la question des institutions en sachant que les destins personnels qui ont pour objectif 2012 vont réduire les ambitions parlementaristes et démocratiques. Sur un autre volet, les socialistes qui sont à la tête de plus de la moitié des départements et qui verront un renforcement du groupe PS au Sénat ont oublié les textes sur la suppression du Sénat et du département !
D’ailleurs, si le « conseil des territoires » dont on parle, doit être un « sénat du PS », voire une version française des « super délégués » du Parti démocrate américain, ce serait aller à contresens de l’Histoire. Depuis longtemps, le PS dispose de réseaux d’élus – Condorcet, Maison des élus, FNESR - secrétariat aux élus… Il n’y a qu’à les réformer ou simplement, les utiliser.
Ce sera un choix stratégique que celui qui consiste à mobiliser les élus comme acteurs, comme praticiens plutôt que comme nouveaux « barons locaux » qui se tient à distances des « petits marquis de Solférino ».
On sera aussi en pleine actualité sur l’avenir de l’Europe. Pas simplement dans le commentaire de la présidence française, mais dans la préparation de a nouvelle manière de gouverner l’Europe – le traité de Lisbonne a mis en place un nouveau rôle pour le Parlement, plus politique. Il faudra donc aussi s’y préparer.
Le Parti socialiste dont donc construire son propre ordre du jour et ne pas se laisser imposer celui des médias qui pronostiqueront – parce que c’est ce qui fait vendre, un duel de personnes, et qui conclueront à l’issue du congrès que rien n’aura changé sur le fond. Il doit s’engager sur la voie de la reconstruction, seul moyen de donner du sens à ses victoires du printemps, de muscler l’opposition et de préparer les conditions de la reconquête.
Voilà pour la feuille de route, une longue route jusqu’en novembre. Mais ce n’est qu’un début.
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