La victoire de Barack en Caroline du sud était attendue. Ce qui a surpris, c’est l’ampleur du résultat. Il fait un carton énorme chez les Noirs et plus que prévu chez les Blancs. De quoi faire taire ceux qui projetaient sur lui leurs propres conclusions. Ce n’est pas parce qu’Obama est noir, qu’il est le candidat des noirs. D’ailleurs, il est métis… Même si, dans le système imbécile qui demeure aux Etats-Unis, la notion de métis n’existe pas. Une seule goutte de sang « noir » dans les veines fera de la plus blonde des blondes, une « colored » pour reprendre un vieux terme.
Ceux qui voyaient un lien mécanique entre le jeune candidat et l’électorat afro-américain ne se basaient que sur le faciès car, rien dans les prises de positions d’Obama n’accrédite l’idée que Barack est le candidat des Blacks. Toujours le renvoi aux origines. Là où Clinton a joué de la corde biologique pour rappeler qu’elle était une femme, Obama s’est abstenu d’en rajouter dans l’évidence ethnique. D’ailleurs, rappelons que pour les afro-américains, Bill Clinton fut le premier « black president » ! Ce qui ne l’empêcha pas de s’assoupir la semaine dernière lors d’un discours de Martin Luther King III pour commémorer la mort du révérend assassiné il y a 40 ans à Memphis.
Obama a gagné donc dans un de ces états du sud, la Bible belt, le dixieland, bref, l’ancienne confédération conduite par Jefferson Davis, son ancêtre. C’est en Caroline du sud, à Fort Sumter que la Guerre de sécession a commencé. Comme ses voisins, la Caroline du sud fut longtemps démocrate par opposition aux républicains qui, à l’instar d’un sénateur de l’Illinois, Abraham Lincoln étaient alors plus humanistes. Cela dit, Roosevelt y a fait un carton. Obama avec ses 55 % a fait plus que Kerry en 2004. De là à dire que même dans le sud, les démocrates sont de retour, c’est un peu tôt pour le dire… Même si Obama a gagné plus de délégué que le vainqueur républicain McCain.
Dans le vieux sud, les nègres ont fécondé les champs de coton avec leur sang et cette mémoire est encore vive. Il reste encore la Caroline du nord, la Géorgie, la Virginie, le Tennessee, le Mississippi, la Louisiane et l’Alabama.
Mais l’événement majeur de ce début de semaine, c’est l’annonce d’un ralliement que l’on attendait. Le « clan Kennedy » entre dans la course et va soutenir Obama. Caroline – comme quoi, le nom doit lui porter chance, Kennedy, la fille de JFK a annoncé son soutien au sénateur de l’Illinois et il semble que Ted, le sénateur du Massachussetts, qui a longtemps incarné l’aile gauche du Parti démocrate, va aussi soutenir celui que l’on perçoit comme un nouveau Kennedy.
Obama est né l’année où John Kennedy est entré à la Maison blanche. Même si l’Histoire a érodé le mythe de ces riches catholiques irlandais de la côte est, ce qu’ils ont apporté à la politique et à leur pays vit encore : la jeunesse, le charisme, la générosité.
Bien sûr, les mânes du président assassiné ne suffiront pas. Les morts ne votent pas, mais nul doute que sur le plan symbolique, cela portera, et on sait qu’en politique, les symboles, même au pays du pragmatisme, ont leur importance. On verra si cela aura une influence lors du Super Tuesday.
Go Obama go :)
Rédigé par : Darqus | 28 janvier 2008 à 12:59