Comme tout bon citoyen de France, j’ai regardé religieusement la conférence de presse de Nicolas Sarkozy l’autre jour à la télévision. Bien sûr, il y a toute la litanie des promesses non tenues, notamment sur le pouvoir d’achat dont le candidat avait dit qu’il en ferait une priorité et dont le président explique que ce n’est pas l’alpha et l’omega de la vie dans le pays.
Ce qui frappe dans le style Sarkozy c’est la manière dont il parle aux gens et le registre qu’il continue d’utiliser pour s’exprimer.
Sarkozy continue de parler comme au comptoir du Balto du coin – d’ailleurs ni celui de la rue du Faubourg Saint-Honoré, ni celui de la rue Maurice Barrès à Neuilly…
C’est le président du sophisme et du simplisme. Il parle politique comme le consommateur de rouge du coin qui pense que tout est aussi facile que changer un joint de culasse. C’est là que vient une contradiction intéressante. Alors que désormais on nous parle de « politique de civilisation », voilà qu’on en reste au basisme. Alors qu’une civilisation c’est un ensemble de repères culturels et sociaux qui, dans une perspective historique fonde ou refonde un espace national ou régional.
La civilisation s’oppose à la barbarie, elle est synonyme de progrès. Elle place un peuple tout entier à un état avancé de l’Histoire. On peut ne pas être « encore entré dans l’Histoire », mais aussi « en sortir ».
La civilisation c’est donc l’invention. Or chez Sarkozy, il y a du bricolage et de la destruction. La fin de la pub dans l’audiovisuel public c’est d’abord l’augmentation de la redevance et donc la diminution du pouvoir d’achat, mais aussi et surtout la disparition annoncée de l’audiovisuel public.
La fin des 35 heures – même s’il est revenu dessus depuis – c’était la fin de la durée légale du travail, un recul considérable sur un progrès acquis à la fin du XIXe siècle par le mouvement ouvrier. D’ailleurs, la fixation par la loi de la journée de travail de 8 heures on le doit à la « chambre bleu horizon » en 1919.
Sarkozy parle des choses comme d’évidence. Là où un dirigeant politique éclaire en expliquant, il obscurcit en caricaturant ou en falsifiant. La chose est connue : on assène une vérité. Le temps de démêler le vrai du faux, le mal est déjà fait.
Sur les questions internationales, le sentiment qu’un despote déjà en place vaut mieux que l’avènement d’un régime terroriste – alors que la France a toujours soutenu les mouvements démocratiques est un coup dur portée à la tradition pacifique de notre pays.
La formule de Fabius - le berluscozysme - est bien trouvée. On a bien vu comment Sarkozy joue : il fait remarquer qu'il a la main sur les médias. Que c'est comme ça et que ceux qui hurlent sont des gauchistes.
Pour le coup, sa brutalité, son arrogance, le côté "vous proposez quoi à la place" alors que les journalistes ne sont pas ses concurrents - nous ne sommes plus en effet dans un débat "projet contre projet" démontre une dimension autocratique soft. Chez Sarkozy réduire au silence ça se pratique par la non exposition médiatique et par l'asphyxie économique.
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