Quand, il y a plusieurs mois j’analysais le phénomène Royal comme un néo-péronisme à la française, ce n’était pas pour « fasciser » l’ex-candidate, mais pour souligner un positionnement politique qui ne correspond à aucune tradition française et que l’on n’avait rencontré que dans l’Argentine des années 40-50 avec le Parti justicialiste de Juan Perón et son égérie, Evita. La politique c’est aussi chercher dans l’Histoire des précédents pour en prévenir les risques…
La gauche argentine est éclatée en trois formations politiques membres de l’Internationale. Le parti socialiste, fondé en 1896 qui a souffert de multiples sécessions et qui s’est réunifié en 2002. Sa grande victoire fut celle d’Hermes Binner, le premier socialiste élu gouverneur d’un état, celui de Santa Fe dans lequel se trouve la ville de Rosario, une des plus importantes du pays, et où Ernesto Guevara de la Serna vit le jour.
Le PS soutenait Elisa Carrió, la candidate de la Coalition civique qui regroupe des socialistes, des radicaux, des démocrates chrétiens ou des péronistes. Carrió est une « libérale chrétienne de gauche au discours surtout moraliste dont la lutte contre la corruption constitue une des priorités.
L’autre parti-frère, l’Union civique radicale, (UCR) présentait Robert Lavagna, un économiste doté d’une solide compétence internationale qui fut ministre de l’économie de Duhalde et de Kirchner avec qui il parvient à sortir l’Argentine de la crise économique. Il reste au gouvernement jusqu’à son éviction pour avoir dénoncé la corruption dans les services publics.
Quand à Néstor Kirchner, son rôle dans le redressement de l’économie du pays, la rupture avec la période Menem, l’intégration régionale du pays et le travail pour penser les plaies causées par la dictature, font de lui un bon président qui a lutté avec pragmatisme contre le néolibéralisme.
La victoire de son épouse, Cristina à l’élection présidentielle n’est pas celle d’une potiche. Elle a une solide expérience de parlementaire et elle milite depuis les années 70. Formée dans le péronisme, elle a été marqué par la gestion pragmatique des affaires du pays que son mari a mené durant sa présidence.
Le péronisme est une idéologie dépassée qui correspondait à un moment particulier de l’histoire de l’Argentine, un pays à l’écart des grands bouleversements qui secouaient la planète dans les années 40 et 50. Du péronisme, il ne reste plus grand chose sur le fond si ce n’est un héritage et un marqueur. Mouvement populaire, ouvriériste et nationaliste qui prônait l’étatisation de l’économie et qui tenait toute opposition politique et syndicale en respect, les Perón admirent Mussolini et vont se réfugier chez Franco.
Avec la fin des idéologies et la mémoire de la dictature, nul besoin de dire que le péronisme façon années 50 ou façons années 70 c’est bel et bien fini.
On parle alors, de « kirchnérisme », un progressisme pragmatique antilibéral qui garde probablement du péronisme la figure inspiratrice d’une personne en qui les classes populaires mettent toute leur ferveur en une seule personne.
D’ailleurs, le Parti péroniste, le Parti justicialiste n’est plus le grand parti de masse qu’il fut et Cristina Kirchner ne s’en est jamais réclamé. Pour cause, sa candidature fut imposée par son mari. Durant sa campagne, elle a évité les débats et les confrontations, les interviews ou les interventions sur les thèmes de la campagne, préférant voyager de par le monde… Comme s’il fallait tout faire pour l’imposer sans possibilité de contestation.
Cristina Kirchner a surfé sur l’effondrement des partis traditionnels, choisi le contournement ou l’évitement en s’imposant sans débat.
Quand à Ségolène Royal, dans tout cela, on voit bien quel objectif elle poursuivait. C'est moins un intérêt pour les convergences possibles entre les gauches des deux rives de l'Atlantique que l'identification à Cristian Kirchner dont la trajectoire lui apparaissait comme le remake de l'aventure de Michelle Bachelet qu'elle-même Ségolène ne pu imiter. Probablement parce qu'au Chili, la campagne fut éminement politique et moins concentrée sur l'image d'une seule personne. Bachelet d'ailleurs, a gagné. En Argentine, entre Carrió et madame Kirchner, on est déjà plus dans une synthèse du royalisme tel qu'on l'a connu en France : ringardisation du parti, centrisme, discours moralisateurs et références chrétiennes, charisme auprès des classes populaires, mais refus de la confrontation démocratique. Cela dit, Kirchner a gagné. Probablement aussi parce que quoique l'on pense du péronisme ou de ce qu'il en reste, cela correspond à quelque chose dans la mémoire du peuple argentin, même à gauche.
Au final, on se retrouve avec le PS et l'UCR, membres de l'Internationale socialiste dans l'opposition à Kirchner, soutenue par une ex candidate socialiste...
Vous pensez que Ségolène s'est inspirée de Madonna ? La scène du balcon...
http://www.mcm.net/musique/player/16668/
Le but est de rencontrer la ferveur populaire, et de surfer dessus. On n'est plus dans le politique, mais dans le compassionel.
Rédigé par : jpb | 31 octobre 2007 à 15:02
euh chef tu devrais te relire :
"l’Union civique radicale, (UCR) présentait Robert Lavagna, un économiste doté d’une solide compétence internationale" et comparer ce que tu dis avec les scores : de mémoire Carrio fait 20% et la Peronita fait 40%.
L'UCR joue donc son rôle de diviseur.
Tu sais comme moi que ce genre de parti est lié disons "à la laicité" (maçonnerie) locale.
Ensuite tu parles de Kirchner et de son role à l'issue de la période Menem, comme quoi il y aurait mis fin, etc. Je rappelle que Menem est toujours en vie et en liberté.
http://en.wikipedia.org/wiki/Carlos_Menem#Corruption_charges
(à noter qu'on ne parle de tout ça ni dans la version hispanophone de Wikipedia et ENCORE MOINS dans la version francophone)
Passez donc "Carlos Menem" dans Google" :
http://www.google.fr/search?hl=fr&q=Carlos+Menem&btnG=Recherche+Google&meta="
vous aurez sa bio expurgée du wiki francophone...
Et vive la Sociale !
(par pitié PeK pousse un peu la logique...)
AS
le Belge
Rédigé par : Belgo3.0 | 04 novembre 2007 à 09:13
ne peut on pas réaliser une synthese
entre le coté pacifique et cyclique de la pensée socdem et le coté innovateur et incisif de la pensée socialiste ?
le Belge
Rédigé par : Belgo3.0 | 04 novembre 2007 à 12:05