Sur tous les murs de France et de Navarre, ce visage est celui de l'alternative. C'est Ségolène Royal, la candidate socialiste. On peut tergiverser sans fin, calculer à l'infini, prévoir les configurations "en cas de". Revenir aussi sur de vieilles querelles. La question qui est posée est simple : quelle président pour la France ?
Au cours des cinq années écoulées, on a vu ce que la droite était capable de faire. On voit que le candidat de l'UMP ne parle jamais du bilan de ces cinq années, pourtant, il était la pièce centrale de ce dispositif. Tout est fait d'ailleurs pour qu'on l'oublie. Le dossier de l'hebdomadaire Marianne de cette semaine est d'ailleus édifiant. La servitude volontaire est un ressort dont il est trop souvent aisé de se servir. On aura eu dans la dernière quinzaine des envolées nationalistes et eugénistes de la part de Sarkozy, aucune réaction. Des menaces contre les média, aucune réaction. Un bras tendu vers l'extrême droite, aucune réaction.
Vendredi dernier, les socialistes ont frétillé comme jamais depuis la crise de nerfs d'Eric Besson en lisant que Michel Rocard appellait à un accord avec Bayrou. Outrés, effarouchés, rougissants comme si on leur avait fait un "chat bite" en plein meeting... Pour un Rocard qui le dit avec la franchise qu'on lui connaît, combien y pensent depuis qu'ils ont constaté que sur le papier, le total des voix de gauche ne faisait pas une majorité. Ce n'est pas nouveau que Rocard est aussi bon théoricien qu'il est mauvais stratège. Venant de gens qui en d'autres âges se sont tapis, langue pendante, devant l'ancien président de l'OM, éphémère ministre de la ville, il y a de quoi rire. Mais, comme pendant le dernier OM-VA nous étions tous avec Ségolène et l'outremer, il y a de quoi pardonner cette amnésie.
La question de l'alliance avec Bayrou est posée, mais la réponse ne sera définitive que si, après avoir rompu avec l'UMP, le centre rompt avec la droite. Mais d'abord, comme toujours, il faut rassembler la gauche, toute la gauche ! On ne le redira jamais assez...
Sans le dire, l'affiche de campagne de Ségolène Royal le suggère avec cette pose qui semble rappeler une gravure connue de quelques initiés de Louise Michel. Elle est née un 29 mai, comme ce clivage qui a plombé la gauche et dont on paye aujourd'hui, y compris à l'extrême gauche, le prix. En 1830, quand, les trois glorieuses ont accouché d'une récupération de la contestation de la Restauration par la bourgeoisie pour imposer la monarchie de juillet. Un geste inutile puisque cela ne fit de 1830 que la répétition générale de 1848 !
Louise Michel fut institutrice et blanquiste. Une femme qui se donna donc à l'éducation, qui adhéra au socialisme dans sa tendance libertaire. En ces temps où la France était sous la férule d'un neveu d'empereur qui s'était défini comme socialiste, on ne pouvait que souhaiter la déchéance de Napoléon III et de la société qu'il favorisait. Tout un symbole. Femme de révolution, femme de libération, femme d'éducation.
Elle mourrut l'année où naquit la SFIO. On pourrait s'étonner que les socialistes "récupèrent" l'héritage de Louise Michel. On leur rétorquera que la mémoire ouvrière appartient à tout le mouvement ouvrier et à ceux qui en sont les héritiers et qu'on s'en montre digne autant par la sincérité des actions que par la ferveur des commémorations.
Ségolène Royal serait finalement face à Sarkozy, nouveau "Napoléon le petit", une nouvelle Louise Michel ? Une qui ne serait pas déportée, mais transportée par les voix du peuple de gauche qui s'élèverait contre l'héritier fidèle des Versaillais ? Y croire serait prendre conscience de la gravite du choix du 22 avril prochain. Il faut battre la droite. Pour cela, une seule solution, voter pour la candidate de la gauche.
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