Journées du patrimoine obligent, il fallait bien un jour mener mes pas de socialistes en terre lensoise. A l'ombre des terrils qui témoignent d'un passé ouvrier riche au point que fleurissent sur leurs pentes des vertes plantes porteuses d'avenir, la ville de Lens, rouge. Rouge brique. "Rouge du sang de l'ouvrier". Rouge aussi du maillot du FCL qui a cent ans cette année.
Du légendaire Pas-de-Calais, la figure la plus familière pour moi c'est Serge. Il fait partie de ces socialistes qui sont capables de traverser la rue de l'Université pour saluer un camarade. Quand il parle, cet homme haut et sec qui me rappelle un de mes grands oncles. Quand on est socialiste, le Pas-de-Calais force le respect. Y venir remet les idées en place. Passer du temps à parler avec les camarades de Lens, notamment, les collaborateurs et les charmantes collaboratrices de Guy Delcourt (sur la photo) fut un grand moment. Je veux ici les remercier.
La réunion de ce samedi 16 n'était, à l'évidence, pas une réunion comme les autres. Elle avait le mérite de lever les hypocrisies. Le Pas-de-Calais avait longtemps dominé le Parti socialiste du haut de ses 12 000 adhérents. Avec la vague des nouveaux adhérents, on a trouvé une nouvelle fédération phare, Paris. Volonté des Chtis de repasser devant les Parisiens ? Possible. En tout cas, accueillir dans ce bastion socialiste, la fédération de Guy Mollet, les présidentiables pour un débat était une marque d'intelligence. Rappel des fondamentaux et débat entre les favoris puisque tout le monde en parle. Il aurait été stupide que le PS fisse comme si de rien n'était. On ne peut pas longtemps regarder ailleurs...
Signe ? 450 journalistes dont pas mal de la presse étrangère. Un record absolu. Manquait à l'appel L'Hebdo des socialistes... Dans la même veine, peu de ministrables venus accompagner les présidentiables. Seul Laurent Fabius était accompagné de son fidèle Bartolone. Mais aucun cadre important du PS. Personne n'avait organisé non plus une démonstration de force. Ô bien sûr, il y avait la retransmission télévisée, mais il fallait voir sur place. Sentir... Humer cette ambiance des candidats au charbon... Pas de bus venus de toute la France. Cela a eu l'avantage de donner une image instantanée non retouchée, qui est celle de la réalité du Parti : si aujourd'hui rien n'est joué, demain, il y a toutes les raisons qu'il retombe sur ses pieds.
Quand on se lance dans une course à sept, il n'y a jamais sept finalistes. Au petit jeu de qui fut le meilleur, on devra s'interroger sur les critères. Tout est dans le choix stratégique du registre. Dans la manière de capter l'attention d'une salle remplie de gens qui se sont levés tôt pour entendre sept personnes qui sont tout sauf des cancres. Tous ne sont pas de brillants tribuns. Tous ont été ministres dans la même législature.
Le premier discours a été poussif si on considère que l'exercice fut jugé "étrange". Cette posture extérieure, renforcée par une présence écourtée n'a échappé à personne. Après, chacun présentait les conditions de la victoire, le profil du bon candidat, marquait ses différences. Si Jack Lang a manifestement raté son discours, Laurent Fabius a su par son talent se rappeler au bon souvenir des solférinologues qui l'avaient déjà oublié. Il a su manier l'émotion et la force. Lionel Jospin, en parlant du réveil nécessaire de la gauche a manifestement fait écho aux analyses de Cambadélis pour qui le rejet de la droite ne fait pas le désir de la gauche et qui pense qu'il faut déclencher la mise en branle de la dynamique de rassemblement.
Quand à Dominique Strauss-Kahn, il est resté sur son créneau. La seule stratégie, c'est la rénovation de la social-démocratie. Il ne s'agit pas de battre la droite seulement, mais de créer les conditions d'un gouvernement durable. Cela est impossible sans une nouvelle social-démocratie.
Et quid de Ségo ?
Personnellement, je trouve qu'elle a fait le service minimum, elle qui se targait quelques jours plus tard d'expliquer que le débat devait se tenir avec les Français, pas en interne et taxait à ce propos ses opposants de ringards dans leur manière de faire campagne: comme souvent, elle n'a rien dit ou presque à part lancer de grandes phrases. PAs de carure, pas d'idées non plus, pas de logique, de cohérence dans le discours... je suis inquiète lorsque j'entends que beaucoup de camarades l'on trouvée "comme d'habitude très bonne" ! Mais que devient ce parti ? que deviednra-t-il "après" si c'est ce type de candidat qui remporte le suffrage des militants ? Quelle image de la gauche défendrons nous alors au PS ? J'ai personnellement beaucoup apprécié lorsque Jospin, le lendemain, expliquait qu'il ne s'agit pas de savoir d'abord ce que veulent les Français et de leur servir ce qu'ils demandent. Faire campagne, c'est une histoire de convictions, de projet, de carure et de force d'âme pas de marketing...surtout si on ne vend que le packaging sans connaître ce qu'on achète à l'intérieur.
Rédigé par : loulette | 20 septembre 2006 à 15:36