"Décanter". Le mot est à la mode depuis plusieurs mois. La formule, on la doit d'ailleurs à Lionel Jospin.
La désinformation, l'intoxication ou la rumeur sont les armes privilégiées de la guerre psychologique. Aujourd'hui, après les néo jospinistes et leurs alliés de circonstance, c'est la presse qui s'y met en suggérant que la candidature DSK, jugée incompatible avec celle de l'ancien premier ministre, le premier doit se retirer.
Et pourtant, certains déchantent si on observe l'attitude du NPS. Alors que Vincent Peillon, pensant que la majorité du PS a éclaté avec la multiplication des candidatures, déclare que son courant est le "premier du PS", on constate que ce premier courant est lui-même aux fraises. Peillon, l'intellectuel de gauche exigeant relâche l'effort. Benoît Hamon le jeune premier a remporté une petite victoire en amenant Henri Emmanuelli sur la position de l'appel à François Hollande. Position d'attente pour ne pas en rajouter, pour ne pas faire éclater leur courant ou moyen de peser sur le débat à un moment crucial... L'appel à un deloriste, Emmanuelli en a l'habitude, mais là, c'est aussi parce qu'il s'agit de pouvoir exister dans la suite.
Une question reste en suspend, beaucoup plus intéressante : et si au fond, la présidentielle n'était pas la question essentielle. Depuis 2004, le PS détient la quasi totalité des régions et la moitié des départements. Faire l'impasse sur la présidentielle pour gagner les législatives et surtout ne pas faire les frais d'un vote sanction en 2008 et en 2010, c'est une lubie qui a émergé dans certaines têtes depuis deux ans. Henri pense-t-il que la gauche au pouvoir doit assumer trop de contradiction ?
La décantation souhaitée se poursuit avec le tassement de Lang, le réveil de Fabius et le mantien de Strauss-Kahn. Le paradoxe est que les candidats les plus médiatiques sont les candidats non déclarés c'est-à-dire des personnes qui peuvent finalement ne pas l'être...
Si cela se produit, beaucoup vont déchanter. Mais on n'est pas sûr d'y arriver. Pour le moment, il faut ramener le débat sur la présidentielle dans le contexte de la situation politique française. Laissons aux médias la responsabilité de traiter cette question sérieuse à la manière d'un concours de beauté. Le but de tout ce pataquès, c'est quand même battre la droite et Sarkozy. Alors qui sera le "meilleur" anti Sarko ?
Je croyais que François Hollande était le père du terme. N'est-ce pas lui qui avait déclaré, le 20 novembre,dans son discours au congrès du Mans "Quant à la floraison de candidats ou de candidates, nous verrons le moment venu, et je suis sûr qu’il y en aura moins, ça se décante ces affaires-là" ?
Rédigé par : jean-jacques Urvoas | 26 septembre 2006 à 09:53