Lionel ne sera pas candidat. Il vient de l'annoncer. On verra cette journée les commentaires, les grandes et les petites manœuvres se faire pour rallier untel ou tenter d'attirer untel. SFR, Bouygues et Orange font se faire plein de thune, les bistrots, cafés et brasseries de France et de Navarre aussi. En une journée, ça pourrait aider le gouvernement à revenir sur la privatisation de GDF si les mobiles, les fax et les mails marchaient au gaz...
C'est d'abord la preuve que toutes les élucubrations et les plans sur la comète des uns et des autres, les pressions basées sur rien ou les intimidations étaient ridicules et surtout qu'elles démontraient que l'impressionnisme est plus fort de nos jours que l'analyse froide de ce qui existe. L'invention du possible se fait à partir du monde tel qu'on le voit et pas tel qu'on le rêve.
Il ne fallait pas penser à la place de Jospin. Il fallait l'écouter. Prendre en compte ses paroles au lieu d'interpréter ses silences. Parmi ses amis, Pierre Schapira avaient eu l'analyse la plus fine et probablement Bertrand Delanoë aussi...
Bien sûr, on sera vexé de s'est trompé, courroucé qu'il ait contrarié le cours du film. Certains auront la critique dure, d'autres diront qu'ils n'y avaient jamais vraiment cru. D'autres encore s'en satisferont.
Jospin voulait être utile. Il le demeure. Il ne voulait pas embarrasser, ce ne fut jamais le cas. Il ne s'abîme pas et on aurait tort de vouloir titrer "fin".
Il explique que le rassemblement n'a pu se faire. Il est vrai que le mouvement ne s'est pas opéré dans le parti et que ceux qui l'ont appelé, moins par désir que par absence d'envie des autres, n'ont su créer aucune dynamique. Probablement parce que la réalité du Parti socialiste n'avait pas été assez analysée.
Au petit jeu des conjectures sur la manière dont se fera la recomposition, tout est possible. Ce qui est sûr, c'est que rien n'est épargné à personne. Et puisqu'on peut tirer quelques leçons de tout, on est amusé de la séquence qu'on vient de vivre pendant quelques jours.
On peut hurler contre les médias à la solde de Sarkozy, mais l'édition du Monde daté du 28 septembre était une pièce de collection. Deux articles d'actu sur la visite de Royal en Afrique et surtout son ralliement contraint au débat, un papier sur la grande misère de Bertrand Delanoë supposé être isolé par son soutien à Jospin, une tribune de Rebsamen appelant au retrait de Jospin, un portrait de Patrick Menucci, la chronique de Dominique Dhombres. Au passage, la sortie très intelligente et pleine de gratitude de Christophe Caresche sur le fait que si Jospin s'obstinait à se présenter, des militants socialistes iraient manifester sous ses fenêtres, rue du Regard. Tous les regards des socialistes parisiens se tourneront d'ailleurs sur le bouillant député du 18e. Sans toutefois aller jusqu'à manifester dès ce matin sous ses fenêtres...
On avait raison de rester calme. C'était une tentative de diversion, il y en aura d'autres. Il faut tenir bon et personne n'est à l'abri du trouble. Même Alain Richard en a été ébranlé dans sa raideur pendant quelques heures !
Que faire alors des jospinistes ?
D'abord les convaincre de ne pas diminuer l'exigence intellectuelle et politique qui a conduit certains d'entre eux à voir en Jospin le meilleur candidat. Ils voulaient un homme d'état, un homme d'expérience, quelqu'un qui ait le sens du parti et la passion de la gauche. Ce profil demeure celui qui permettra au candidat socialiste de l'emporter. A cet égard, le discours de Lionel Jospin à Lens a des aspects de feuille de route. Ensuite, il faut les persuader que le meilleur héritier de Lionel Jospin a toujours été Dominique Strauss-Kahn. Rien ne les sépare sur le fond, sauf peut-être la perception européenne, mais c'est là une question générationnelle. Rien de bien clivant.
Bernard Poignant, Harlem ou Eric Besson pourraient parfaitement s'y reconnaître et pouvoir y donner le meilleur d'eux-mêmes. Manuel et Anne également.En tout cas, ça vaut la peine d'en parler sérieusement. Rien ne l'interdit. Ce renoncement ne doit pas inciter au reniement.Dominique a besoin de tous les talents... Il saura s'en servir mieux que d'autres pour le bien du parti et du pays.
Mais en attendant que la politique sérieuse se fasse, il va falloir se taper les petits jeux. Mais on ne nous y prendra plus. C'est d'ailleurs le titre d'une des chansons qui a accompagné mon entrée en politique "Won't get fooled again" sur l'album Who's next...
Mardi, le bluff est terminé et on verra qui reste et qui n'est pas candidat. On a un mois et demi pour faire en sorte que Rebsamen ne puisse pas politiquement trafiquer les chiffres comme au Mans pour nous priver d'un second tour.
Rédigé par : akli | 28 septembre 2006 à 18:02