Pour fêter l'anniversaire de Chirac, deux supers trucs à mater ce soir. Le film sur le S.A.C. et un documentaire de Patricio Guzman sur Salvador Allende. Deux pages sombres de l'histoire du monde contemporain.
Le SAC, Service d'action civique fut le nom du service d'ordre des gaullistes organisés dans le RPF au lendemain de la guerre. Quand de Gaulle quitte le pouvoir en 1969, l'existence de cette structure ne se justifie plus, mais elle survécut au Général et devint le bras, parfois armé des héritiers du gaullisme : l'UDR, l'UNR et le RPR.
Les pères fondateurs du SAC furent Jacques Foccart, Roger Frey (ministre de l'Intérieur de 1961 à 1967), Alexandre Sanguinetti, Jean Bozzi, Dominique Ponchardier, Charles Pasqua et Paul Comiti. En plus des tâches habituelles d'un service d'ordre, protection des candidats gaullistes, des convois officiels et des meetings, le SAC participa à la lutte contre le terrorisme, celui du FLN et de l'OAS en France et en Algérie entre 1958 et 1962.
Le recrutement fut très divers. Anciens résistants, vétérans des guerres coloniales, policiers en retraite ou même en activité. Mais les effectifs étaient insuffisants. Bientôt, on n'hésita pas à puiser dans le milieu, parmi les " amis " d'Alexandre Sanguinetti, de Paul Comiti ou de Charles Pasqua durent recruter dans les bas-fonds de Marseille et de Lyon. C'est ainsi que le truand Boucheseiche participa à l'enlèvement et la séquestration de Ben Barka en 1965.
On retrouve dans les troupes du SAC des personnalités comme Jacques Godfrain, aujourd'hui député-maire UMP de Millau et ancien ministre délégué chargé de la coopération. Ces barbouzeries au carrefour de l'espionnage, de la police parallèle, des milices patronales (comme la bien connue CFT), des comités dit "de défense de la république", du banditisme avaient pignon sur rue puisque le siège du SAC était... rue de Solférino.
Le SAC fournissait à ses troupes à l'occasion de fausses cartes de police et des armes. Bien payés, les hommes du SAC exécutaient les basses uvres du régime dont la police et l'armée ne pouvaient se rendre coupable : exécutions d'otages, infiltrations, tortures etc. L'histoire du SAC ne compte plus bientôt les attentats, les passages à tabac, les fusillades, les cambriolages, les trafics de drogue, de chantages, d'extorsions de fonds, de meurtres et de proxénétisme, etc La section française de l'Ordre souverain et militaire du temple de Jérusalem (OSMTJ) ancêtre de l'Ordre du Temple solaire fut contrôlée par le SAC avant d'être interdite en 1971.
En 1968, pour canaliser la jeunesse de droite qui veut militer au SAC, on crée l'Union nationale inter-universitaire (UNI), " syndicat " étudiant regroupant aussi des professeurs de droite qui veulent arracher l'université à l'emprise du marxisme. Mais l'UNI ne sera finalement que la structure jeune des partis gaullistes.
C'est la tuerie d'Auriol (le massacre d'un gendarme et de sa famille) qui décida les pouvoir publics à mettre un terme aux activités du SAC. Si on veut avoir une idée de ce qu'était cette milice, il faut revoir l'excellent film d'Yves Boisset, le juge Fayard dit " le shérif " (1977), adapté de faits réels avec Patrick Dewaere, Michel Auclair et Marcel Bozzuffi.
Beaucoup de militants de gauche ont vécu les années de Gaulle et Pompidou comme des années de plomb. C'est en grande partie à cause du SAC, véritable police politique de la droite au pouvoir que l'insécurité fut une réalité quotidienne pour tout militant de gauche.
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