Bon allez, puisqu'il a dit qu'il était candidat, je vais moi aussi trahir un grand secret. Je suis "strausskhiste". Cette une longue et belle histoire. Je la fais courte...
Au commencement était Jospin. L'homme me plaisait, ses idées, son style, son éthique, son austérité. Arrivé en France en 1990, avec une vague fascination pour Mai 68 j'adhère à l'UNEF-indépendante et démocratique alors présidée par Christophe Borgel. Le syndicalisme étudiant fut ma matrice et je suis très attaché à cette période. Nous étions des militants entre deux eux. Héritiers en rupture. L'UNEF c'était ce réceptacle de la gauche non stalinienne : socialistes (mitterrandistes ou rocardiens) et trotskistes (pablistes ligards ou lambertistes). Pour nous c'était assez diffus. Mais l'Histoire avec un grand "H" et les sectarismes avec un petit "s" allaient bientôt s'occuper de nous. Jospiniste de coeur, je le fus bientôt. Entre temps, il eut le compagnonage avec Jean-Christophe Cambadélis. (Il aura un "post" à lui un jour...) à travers, d'abord, le Manifeste contre le Front national qui fut une deuxième école de formation politique et intellectuelle. Des heures à écouter mon ami Eric Osmond et à deviser avec lui sur le monde...
Tout ça se rejoint naturellement au PS dans les réseaux jospinos. C'est Claude Askolovitch qui avait établi une modeste typologie de la Jospinie. La jospinie cassoulet version Emmanuelli-Glavany qui éclata en 1994. La jospinie parisienne avec la bande du XVIIIe (Estier-Vaillant-Delanoë) et la jospinie "rive gauche" avec Cambadélis-Moscovici-Strauss-Kahn et Touraine. Comme Jospin n'organisa jamais vraiment son courant, ces trois familles ne se rassemblèrent jamais. Pire, elles se combatirent parfois...
Lorsque Lionel Jospin repris le leadership du Parti socialiste en 1995 et qu'il fut nommé Premier ministre, il fallut anticiper la deuxième époque de son ministère. C'est ainsi que l'on fonda Socialisme et démocratie en 2000 pour préparer, à la manière des mendésistes, la présidentielle en proposant une offre politique sur laquelle le futur candidat pourrait s'appuyer.
La défaite de 2002 laissa un champ ouvert que Dominique Strauss-Kahn occupa bientôt. Sans pour autant préempter d'héritage. Cela dit, il continua de rassembler, comme Jospin avant lui, les jospinistes et les rocardiens qui se retrouvaient dans ce réformisme radical qui se voulait une réponse aux conservateurs de gauche et aux sociaux-libéraux.
Dominique Strauss-Kahn, formé au marxisme, économiste, homme de réseaux, bon connaisseur du monde de l'entreprise, universitaire et militant politique représente une gauche sincère mais sans tabous. Il parle, comme Rocard avant lui, à l'intelligence des gens. Il ne s'agit pas de sautiller en revendiquant une posture, mais de dire à la fois "Que faire" et comment.
Maintenant que le voile est levé sur sa candidature, il peut s'appliquer à lui-même ce qu'il exige des autres. Un candidat c'est bien, un candidat avec un projet c'est mieux. Le travail a déjà commencé...
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