La gauche est divisée, les socialistes travaillent à un projet sans parvenir à convaincre qu’une dynamique est lancée qui peut rassembler largement, le trop plein de candidats, de roitelets et la valse des « ambitions personnelles » masque la crise de leadership qui ajoute au sentiment de frustration qui touche les militants. Comme si cela ne suffisait pas, il y a à droite une petite tête qui dépasse et qui sautille de plateaux télés en déplacements « sur le terrain » en passant par quelques passes d’armes dans l’hémicycle, vous l’avez reconnu : c’est Nicolas Sarkozy.
Napoléon le petit
Star des sondages, régal des fidèles des JT de Pernaud, Nicolas Sarkozy est un homme de droite comme certains les aiment. Ultra libéral par conviction, conservateur par intérêt, réactionnaire par opportunisme, Sarkozy réussit là où Balladur, Madelin, Juppé et Chirac ont échoué : incarner une droite décomplexée, qui ratisse à gauche comme à l’extrême droite et qui, à l’instar de défendre la veuve et l’orphelin, prétend s’occuper du peuple et des petits gredins.
Le style séduit une presse jamais en reste d’une idole à aduler avant de la brûler quand une autre émergera. Le chef ravit une droite déprimée d’être à la remorque d’un Chirac qui la coule à chaque élection depuis 2002. L’homme tend un miroir dans lesquels les Français se reconnaissent au point que même à gauche, il peut constituer un modèle pour des hommes politiques de 40 ans qui se rêvent en jeunes cadres dynamiques accros au suffrage universel.
On a connu des politiciens de ce genre. Ce style à l’américaine. Ils n’ont pas duré en France, Lecanuet, JJSS ou Tapie furent ceux qui avaient réussi à percer.
On aime bien ces hommes car c’est un produit bien français qui a un nom bien français, le bonapartisme. Cet homme providentiel qui se lève quand il y a une crise politique et qui, même s’il est issu d’un camp, peut incarner celui rassemblerait les deux rives. Si ça se voyait trop chez un Chevènement usé et mégalomane, ça colle bien à un Sarkozy jeune quinquagénaire.
Les spécialistes diraient qu’à 50 ans, il restait à Napoléon deux ans à vivre et qu’il ne régnait plus que sur quelques hectares à Sainte-Hélène, mais il étaient dans les esprits de tous les demi-soldes et des romantiques de la France de la Restauration.
Nicolas Sarkozy n’a pas de bonapartiste que la taille. Il en a la fragilité et l’ambition. Ce sont deux hommes pressés, que l’amour d’une femme infidèle peut blesser au point que cela se voie sur la place publique – alors que la tradition française est plutôt à la discrétion. Il a déjà connu son île d’Elbe.
Car on se souvient du premier Sarkozy. Leader des jeunes RPR interpellant Chirac en meeting, maire de Neuilly à 28 ans. Parrain politique et plus si affinité de Claude Chirac. Jeune conseiller de Balladur avec un autre Nicolas (Bazire) tombé dans l’oubli. Héros romantique qui trahit celui à qui il devait tout pour l’ami de trente ans devenu rival, dévoué sans réserve à une cause qu’il finit par perdre et qui faillit le perdre. Ce fut donc une traversée du désert.
L’âge et la vie aidant, les cheveux blanchissent, le casier politique aussi car en politique, les retours ça existe. Il prend du recul, il fixe ses idées et l’enjeu pour la droite des années Jospin : se décomplexer, assumer son ultra-libéralisme, défendre l’ordre et la nation et être impitoyable face aux voyous. De Beauvau à Bercy, il a pu gouverner en homme de droite sur deux ministères confortables pour elle : la police et les finances. Fouché et Fouquet...
Nicolas Sarkozy a cassé la machine chiraquienne qui fonctionnait depuis 25 ans, un chef régnant sans partage et sans dauphin. Le meilleur d’entre eux a été sacrifié, et l’après-Chirac a déjà un nom et un visage. Il n’est pas sûr que cette fois Chirac ne soit pas durablement ébranlé.
Et la gauche dans tout ça ?
Céder à la fascination pour copier en contre afin de mieux le battre ou rester soi-même ? Dédaigner l’homme d’hypercommunication pour moquer l’absence de fond ?
On préférera toujours l’original à la copie c’est bien connu et la gauche n’a jamais gagné à s’aligner sur ses adversaires. Sarkozy plaît aux déçus de la droite et à ceux de la gauche qui sont tentés par le vote frontiste.
Il ne s’agit pas de s’offusquer du populisme de Sarkozy parce que « ce ne sont pas des manières », mais de le critiquer pour ce qu’il contient : une porosité assumée et entretenue avec ce qu’il y a de pire à droite. Même pas par conviction, mais par calcul. On retrouve ici cette vieille tactique de la droite éponge des années 70 qui, à la manière de la CDU d’aujourd’hui, s’autorise des écarts extrémistes pour ne pas être débordée par un parti xénophobe et bénéficier du vote raciste. Pour Sarkozy, il ne s’agit pas de dire aux électeurs lepénistes qu’ils se trompent, mais de leur dire que la réponse de l’UMP est meilleure que celle du FN.
S’il y a une chose, une seule, à retenir du personnage, ce n’est pas la surenchère populiste, mais l’affirmation politique. Un réformisme honteux serait balayé par une droite qui aurait beau jeu de récupérer le vote des bourgeois apeurés par les cris de la gauche prétendue radicale autoproclamée « vraie gauche ». Si le 29 mai a été un mai 68 dans les urnes, rappelons-nous du résultat des élections législatives de juin, un raz-de-marée à droite. Cette droite-là revendique son ancrage populaire. On sait bien que les partis de droite en France sont depuis trente ans des partis présidentiels. Mais, parce qu’elle assume mieux qu’avant son libéralisme économique, elle est idéologiquement hégémonique et l’altermondialisme, tout médiatique et branché qu’il est, n’est pas encore parvenu à s’incarner dans un parti de masse car beaucoup à gauche, et notamment au Parti socialiste, regardent trop du côté de la droite un peu à l’image de ce député PS croqué par Coline Serrau dans la Crise.
Alors oui il faut un anti-Sarko. Une figure qui ne se nourri pas des aspirations contradictoires, clientélistes ou frileuses du peuple, mais qui parle à ce qu’il y a de meilleur en lui pour le conduire à surmonter ce qu’il y a de pire en lui. C’est ça la noblesse de la politique, tirer toute la société vers le haut pour lui redonner espoir. La sécurité le soir quand on rentre chez soi bien sûr, mais la confiance le lendemain pour aborder l’avenir...
Un anti-sarkozy existe
Il est ici :
http://sarkostique.over-blog.com
Sarkophage
Rédigé par : sarkophage | 30 août 2005 à 13:38
Un anti-sarkozy existe
Il est ici :
http://sarkostique.over-blog.com
Sarkophage
Rédigé par : sarkophage | 30 août 2005 à 13:39
Attaquer un homme sur sa taille n'est pas très digne du débat politique.
A propos de Napoléon (c'est amusant que vous l'associez spontanément à Napoléon, d'ailleurs), le gd-père de ma femme me racontait une anecdote :
Napoléon était dans sa bibliothèque avec le Maréchal Ney, et il voulait consulter un livre qu'il ne pouvait atteindre. Le maréchal Ney lui dit : "sire, laissez-moi vous aider, je suis plus grand que vous". Ce à quoi Napoléon a répondu : "Pas plus grand. Plus haut."
Heureusement, votre billet ne contient pas que des remarques sur la taille de votre adversaire.
A Bercy, Sarkozy a notamment obtenu un accord de la grande distribution pour faire baisser les prix à la consommation : est-ce ultra-libéral ?
Rédigé par : koz | 22 septembre 2005 à 20:51
Et il y a surtout le site Antisarko.net, la référence dans le genre... Vous y trouverez des argu-mails, des petites phrases de sarko, des visuels... et surtout le tee-shirt ANTISARKO, à acheter au plus vite!
Rédigé par : gégé | 26 septembre 2005 à 11:14
Depuis son retour au ministère de l’intérieur, Nicolas Sarkozy se distingue par la surenchère populiste. Monsieur N., la vidéo contre le discours de Nicolas Sarkozy
Un court métrage réalisé par la fédération d’Indre-et-Loire. Le clip dure environ 5 min (9Mo), n’hésitez pas à le diffuser.
Rédigé par : Anti Sarko MJS 37 | 16 novembre 2005 à 12:30
Un autre anti-sarko existe:
sur www.webzinemaker.com/charlotwebdo
Rédigé par : j-charlot | 16 janvier 2006 à 22:16
Habillez vos idées... avant qu'il ne soit trop tard !
amusants ces tee-shirt :
http://www.comboutique.com/politics
Vous en pensez quoi ?
Rédigé par : sarkono | 25 août 2006 à 12:17
http://www.dailymotion.com/video/x72d4_le-vrai-sarkozy
voila quelquechose qui le met bien en valeur
pour les fans ce Farenheit 451
Rédigé par : Le Médiateur | 09 décembre 2006 à 19:04