Petite polémique sur le boycott par François Hollande de la rencontre avec de Villepin à Matignon au motif que le Front national avait été reçu. Sur fond de droitisation du discours de Sarkozy, l'argument pouvait porter. Seulement, le geste du Premier secrétaire n'a pas été perçu autrement que comme un gros caprice ou un "déni de démocratie" pour reprendre la formule de la droite, jamais en reste de leçons en la matière.
Les absents ont toujours tort même en politique. Et les décisions importent moins parfois par leur contenu que par leur portée et le bénéfice qu'elles apportent en premier lieu à ceux et celles qui les prennent, soit dans l'immédiateté au risque de tomber rapidement dans l'oubli ou sur le long terme avec la perspective de rester dans la postérité.
Peu de personnes raisonnent aussi loin qu'après demain de nos jours et le geste de François Hollande, pour moral qu'il fut dans son principe car personne ne voyait le bénéfice politique pour l'homme et la formation qu'il représente.
Il fallait y aller pour faire comme Marie-George Buffet et dénoncer face à face la présence du FN à ces consultations, puis dire au Premier ministre ses quatre vérités en face et lui faire entendre et pas seulement "percevoir" la colère populaire et les exigences de l'opposition.
Il ne fallait pas y aller en expliquant la démarche, mais pour cela il fallait être en situation. Un PS sur le toit du monde en 2004 qui aurait été dans le camp des vainqueurs aurait pesé, avec à sa tête un Premier secrétaire auréolé de ces succès, et son silence aurait inquiété, sa colère aurait été redoutée et sa détermination aurait entraîné.
Il ne fallait pas y aller pour dire au Premier ministre que consulter les partis politiques et afficher une démocratie de façade ne trompait personne puisqu'il prévoyait de légiférer par ordonnances alors même qu'il dispose d'une majorité absolue ! C'est donc qu'elle ne lui est pas entièrement acquise. Qu'est-ce que PS aurait alors à faire dans cette galère ?
Quel impact peut avoir ce boycott sinon allonger la liste des erreurs tactiques que les détracteurs du PS se plaisent à gonfler ?
Ce sera vite oublié si le Parti socialiste parvient à devenir un adversaire résolu et responsable de la droite. En faisant cela, il pourra refaire son unité, rassembler au-delà et représenter une alternative crédible. Pour cela, il faut un projet et des hommes pour le porter. Des hommes qui ne portent rien que leurs propres ambitions, il y en a déjà suffisamment comme cela...
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