Assiste-t-on à un nouveau cycle de l’autre côté des Pyrénées ? Après la victoire historique du Parti socialiste ouvrier espagnol en mars 2004, le Parti socialiste portugais a remporté la majorité absolue aux élections législatives le 20 février dernier. 30 ans après la fin des dictatures salazariste et franquiste, c’est un deuxième retour historique de la gauche ibérique.
Une situation à l’espagnole ?
Si l’Histoire ne ressert jamais les mêmes plats, les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets. En l’occurrence, la situation portugaise n’était pas très éloignée de la situation espagnole dans la mesure où le Premier ministre d’alors, José Manuel Durão Barroso comme Aznar, s’allia de Bush dans sa « croisade » irakienne et organisateur du sommet des Açores s’opposant à l’opinion d’un pays massivement hostile à la guerre en Irak. L’ampleur des mobilisations espagnoles ne doit pas faire oublier le refus tout aussi déterminé des Portugais de se laisser ensabler dans le Golfe par une politique unilatérale.
La nomination à l’été de Barroso comme Président de la Commission européenne provoqua une crise imprévue. Fallait-il oui ou non convoquer de nouvelles élections pour désigner un nouveau gouvernement ou jouer la carte de la continuité et accroître l’impopularité de la coalition de droite au pouvoir ? Le Président de la République, Jorge Sampaio, lui aussi socialiste, préféra dans un premier temps, respecter le calendrier. Mais Santana Lopes le nouveau chef du gouvernement ne parvint pas à restaurer la popularité de la majorité conservatrice. Populisme et libéralisme, pour les Portugais, cela avait trop duré...
Jorge Sampaio aura finalement donné raison à certains de ses amis en convoquant des élections législatives anticipées, initialement prévues pour 2006.
Ajoutez à cela une situation économique désastreuse, les conditions étaient réunies pour une victoire annoncée de la gauche... Une fois désignées les cibles du rejet, encore fallait-il percevoir le candidat et son projet...
La philosophie de Sócrates ? Le pragmatisme
José Sócrates avait été élu par 80 % des militants à la tête du Parti socialiste portugais lors du congrès d’octobre 2004. Pour la première fois, les 60 000 adhérents du PSP élisaient directement leur secrétaire général. Pour eux José Sócrates était le mieux placé pour les mener à la victoire en 2006. Ils ont eu raison. Ce proche de d’Antonio Guterres se reconnaît volontiers dans François Mitterrand et Tony Blair. Il prône un socialisme qui réponde aux défis de la modernité, un Etat qui soit au service des citoyens et une offre politique pour toute la société. Avec lui, « la pauvreté doit revenir au centre des préoccupations politiques » de la gauche. Cet ingénieur de 48 ans, venu du centre droit et converti au socialisme en lisant Eduard Bernstein, est un pragmatique qui pense lui aussi que « le mouvement est tout ».
Les Verts et les communistes ont également progressé si bien que le vieux parti du vieil Alvaro Cunhal est devenu la troisième force du pays. Jusqu’à l’extrême gauche trotskiste et maoïste (les anciens amis de Monsieur Barroso) qui obtient huit sièges !...
On saura très vite comment les Portugais perçoivent l’action du gouvernement Sócrates puisqu’en 2005, se profilent les élections municipales avec en perspective la reconquête de Lisbonne et en 2006, les élections présidentielles avec la possibilité pour les socialistes de garder la fonction suprême...
Ainsi au Portugal, le Parti social-démocrate a été défait par le Parti socialiste ? En réalité, la formation de Barroso, n’avait rien de social-démocrate dans sa politique faite de populisme, de conservatisme et d’ultralibéralisme. Elle entre dans une grave crise qui semble devoir la miner pour longtemps.
Maintenant que la péninsule ibérique est toute rose. Il reste aux deux José à porter l’estocade aux inégalités et à redonner confiance en l’avenir aux hommes et aux femmes de ce côté-là des Pyrénées.
L'extrême gauche obtient 6 et non huit siéges.
Socrates se référe en effet à Blair maus surtout aux sociaux-démocrates suédois.
Rédigé par : socdem | 23 février 2005 à 14:04